L'évasion

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 Deux des six gardes qui maintenaient Vaghadeva s'écroulèrent. Une patte enfin libérée, le puissant tigre blanc se débarrassa des autres en quelques instants.

Syrah, stupéfaite, vit deux flèches se figer dans la poitrine des gardes qui gardait Zaïra : ils s'effondrèrent, morts avant d'avoir touché le sol.

Le pouls de la jeune fille s'accéléra sous l'effet de la peur :
Demeria revenait-elle pour finir le travail ?
Pryham se retourna, à présent seul dans la geôle. De grosses perles de sueur s'amoncelèrent sur son front, tandis que Vagha acculait déjà le caracal dans un coin de la pièce. Il déglutit avec difficulté et fit face à la porte.

Une superbe femme, toute vêtue de cuir noir, se trouvait dans l'encadré. L'étrange motif de flèche s'étalait sur le plastron qui recouvrait sa poitrine.

– Mon prince, déclara-t-elle avec une révérence comique. Ceci est une évasion. Je vous déconseille de vous interposer.

Elle se déplaça latéralement en le gardant en joue et s'approcha de la chaise où était retenue Syrah :

– Vous devez être l'élue. Je me nomme Svalantia. Pardonnez mon retard, j'ai commis l'erreur de vous croire à l'abri dans la forêt après avoir mis vos poursuivants en déroute.

Elle eut un regard dur et continua :

– j'assouvissais des besoins bassement primaires quand les limiers ont attaqué de nouveau, le temps que je prenne mon arc, vous étiez hors d'atteinte. J'espère que vous pourrez me pardonner, j'ai manqué à mon devoir.

Syrah, resta un instant interloqué, ainsi donc leur mystérieux sauveur était une sauveuse. Un immense soulagement l'envahit : elle n'allait peut-être pas mourir cette nuit tout compte fait. Gaïa avait-elle entendu, une fois encore, les prières de Fahën ?

– Vous êtes tout excusée, du moment que nous quittons cet endroit.

– Laissez donc Revers faire, vous serez libre en quelques minutes.

Un rat noir sortit alors d'un recoin quelconque de la tenue de la magnifique brune.

Syrah eut d'abord un mouvement de recul : ce type de rongeur lui avait toujours inspiré un profond dégoût. Puis elle avisa les étranges yeux violets du rat et comprit qu'il s'agissait de l'anim'âme de sa bienfaitrice.
Il rongea ses liens rapidement et elle put se libérer.

Quand elle se releva, elle eut un vertige et dut s'accrocher pour ne pas perdre l'équilibre. Zaïra vint à sa rescousse pour la soutenir.
Ses oreilles tintaient alors qu'elle aspirait à fond l'air frais de l'extérieur par la minuscule fenêtre de la salle de torture.

– Maintenant prince Pryham. Je vais vous demander de vous asseoir dans ce siège que vous semblez tant affectionner, ordonna Svalantia.

Toujours en joue, le prince ne se fit pas prier.

– Élue si vous voulez bien attacher le prince.

Syrah s'exécuta tant bien que mal. Tandis que Vaghadeva maintenait le caracal à terre.

– Parfait. Maintenant, veuillez nous excuser. Nous devons vous quitter.

Svalantia entraîna délicatement Syrah vers la sortie et referma la porte avant que le caracal ait pu bondir.

Dehors, Demeria et son loup gisaient, inconscients.

Svalantia attrapa le poignet de Syrah :

– Par ici.

– Non, nous devons d'abord libérer Fahën et Jasper.

La guerrière poussa un soupir et replaça une mèche échappée de sa tresse compliquée.
Elle sembla sur le point de refuser, mais Syrah résistait contre elle de toutes les maigres forces qui lui restaient. Elle n'allait pas abandonner le petit bourgeois à une mort certaine.

Symbiose - La porteuse d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant