24 heures pour perdre ma virginité#Wattys2016

1. Après les cours

"Il est temps de concrétiser..."

Voici la dernière phrase qu'il avait prononcée avant que je ne monte dans mon bus. Je me la suis répétée au moins une bonne centaine de fois au cours de ces trois derniers jours. Je l'ai même écrite au stylo bic sur mon avant bras, comme pour la graver sur ma peau...

Assise au fond du bus, je scrutais le paysage qui défilait sous mes yeux, à la même allure que le transport. Tous les autres sièges étaient occupés. Sur l'allée centrale, les passagers debout étaient agglutinés comme des sardines. Je me sentais étouffer, au fond d'une boîte. Mes écouteurs étaient enfoncés dans mes oreilles. Je me passai en boucle "Les portes du soir" d'Indochine. Histoire de... me mettre en condition pour...

Le bus freina d'un coup sec: une tarée s'était jetée en plein milieu de la route, devant le bus. Les portes avant du bus s'ouvrirent. La jeune femme en question entra dans celui-ci et bouscula les passagers pour me rejoindre:

-Alors, t'es prête...?

Je n'entendais rien de ce qu'elle disait. Je me redressai de mon siège en projetant mon menton en avant, l'air de dire "Tu peux répéter s'te plait...?!" Elle m'arracha mes écouteurs des oreilles.

-Comment tu te sens...?

-Tu sais, t'étais pas obligée de simuler un suicide juste pour me demander ça. Un texto aurait suffi!

-C'est que j'ai croisé Cindy en sortant du cours de Maths et elle m'a dit que tu n'avais pas l'air dans ton assiette depuis hier, à cause de cette histoire... Il faudra bien que tu écartes tes jambes un jour ou l'autre, tu sais...!

Je plaquai mes mains sur sa bouche de suceuse professionnelle, encore gonflée par son gloss "Secret kiss" :

-Mais shut! C'est perso ces trucs là, chuchotai-je en me rapetissant sur mon siège.

Merl se retint de rire. Elle sortit son portable de la poche de son mini short noir et plia sa jambe sur son siège. Ses collants en résille noir laissaient entrevoir sa peau blanche imberbe. Je l'observais qui pianotait sur son écran tactile, un sourire malicieux. Deux secondes après, mon portable se mit à biper deux fois.

"Ca te dis qu'on aille au centre commercial pour dévaliser les rayons de sous-vêtements coquins? ;)"

"C'est surtout d'un plan cul dont j'aurais besoin..."

Merl leva les yeux vers moi:

-Pourquoi ça...?

Les passagers qui étaient assis au fond du bus avec moi se retournèrent pour me regarder, les oreilles bien ouvertes, comme s'ils savaient de quoi on parlait... Je ne répondis rien et me contentai de baisser mes yeux en direction de mes cuisses.

-Je vais t'arranger ça, si tu veux...! S'exclama t-elle, son index apposé sur le coin de sa bouche brillante.