Chapitre 1

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Le son irritant du réveil retentit sur ma table de nuit, prêt à me détruire les tympans. Je l'éteints non sans râler et m'assois maladroitement sur mon lit à moitié défait. J'ai la boule au creux du ventre, comme si j'avais un mauvais présentiment, comme si ma journée allait être la plus pourrie de toutes.

Il est à peine sept heure du matin, encore dans la brume de l'éveil, je sors de mon lit lentement pour me diriger vers la cuisine.

J'arrive devant le frigo en plissant les yeux qui avaient du mal à s'habituer à la luminosité largement plus importante que celle de la nuit. La première chose qui se forme devant mes yeux est une photo de ma bande collée à la surface de mon frigo avec un vieux magnet nuage.

Ma bande, c'est le genre de bande qu'on a depuis le collège: on a tout fait ensemble, tout découvert ensemble, on s'est aimés et détestés mais c'est le genre qui aura du mal à se détacher. J'ai tellement de souvenirs qu'avec eux, d'ailleurs mes meilleurs souvenirs sont directement liés à eux. On a voyagé entassés dans une vieille voiture, on a dormi à la belle étoile parce qu'on s'imaginait pas qu'il fallait absolument réserver un hôtel avant de descendre sur Canne, on a eu notre première cuite ensemble sur les toits de mon immeuble et on a donné les conseils de dragues les plus pourris de l'histoire.

Mais bon, au réveil voir leurs vieilles têtes ça peut vite saouler. C'est pour ça que j'ouvre rapidement la porte de mon frigo pour en sortir une bouteille de lait entamée. Je vais ensuite récupérer des céréales sur l'étagère la plus haute de ma cuisine. Je râle en les voyant si haut, là où je ne peux évidemment pas les atteindre sans devenir la meilleure des cascadeuses. Je sais évidemment qui a fait ça et je roule des yeux: je fais un meurtre dès que je le croise. Je monte alors sur le plan de travail et m'étire au maximum afin d'atteindre la boîte cartonnée. Une fois redescendue, je soupire déjà exaspérée et m'affale sur mon canapé en tissus avec un bol de céréales prêt à donner le diabète à qui veut. Je remonte le plaid qui gisait à côté de moi sur mon corps gelé par le froid de février, et pose mon regard sur une série qui passe à la télé. Je traîne parce que j'ai rien à faire pour une fois, une simple visite à la fac pour mon stage.

Alors que j'étais agréablement installée dans mon cocon chaud, la sonnette de mon appartement résonne. Je me lève ennuyée et je passe une main dans mes cheveux afin de les remettre un peu en place avant de lisser mon pyjama. J'ouvre la porte déjà saoulée pour révéler un facteur sur son portable adossé à l'embrasure de ma porte d'entrée. Il jouait distraitement avec une lettre et mâchait de façon écœurante un chewing-gum. Je le regarde perdue et il me remarque enfin. Il se redresse aussitôt et me tend la lettre avec un air honteux sur le visage. Je la prends et il me tend tout aussi rapidement une tablette avec un stylet.

-Pour récupérer la lettre, je dois avoir votre signature.

Me dit-il sans émotion. Je prends le stylet et griffonne ma signature sur la surface lisse de la tablette avant de lui rendre ses biens.

-Merci, au revoir.

L'homme ne répond pas et part sans me laisser un dernier regard. Je soupire et claque ma porte en me retournant. Je roule des yeux et repars m'installer sur mon canapé. 

Je retourne la lettre pour voir au dos le nom de ma fac. Je comprends donc qu'elle se rapporte à ma demande de stage, c'est la réponse positive ou négative qui a bizarrement traîné avant de me parvenir. J'avais fait plusieurs choix mais un seul m'importait vraiment, mon premier choix était Necker, l'un des hôpitaux pédiatriques les plus réputés au monde.
J'ouvre rapidement la lettre avec un stress qui m'envahissait. Je lis chaque mot attentivement et plus le contenu défile sous mes yeux, plus une rage folle s'installe dans chacune de mes cellules.

Pourquoi moi ? // Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant