Chapitre 2.2 - Tranquillité et rencontre

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Mon sourire éclatant l'horrifia encore plus. Je montai les escaliers et me dépêchai de prendre un bain avant d'enfiler des sous-vêtements bouffants et un corset. Lauren entra à ce moment-là. En silence, elle serra les liens dans mon dos.

« On va juste rendre visite à Peter... tentai-je.

– Non, toi tu vas essayer de lui soutirer des informations sur ce meurtre.

– Ce n'est pas faux, mais il a été assez gentil pour m'accompagner jusqu'à la limite Ouest. Et j'ai appris que sa femme est amnésique. Je suis curieuse de savoir comment elle est devenue ainsi. Tu penses qu'elle me le dira sans méchanceté.

– Bien sûr ! Agathe est une femme adorable ! Elle aide nombre de personnes dans la ville ; elle aide beaucoup trop d'après Peter, s'exclama-t-elle en riant. Ces deux personnes ont un sens de la justice très prononcé et un courage sans limites. Pas comme certaines...

– Ne dis pas ça. C'est très courageux à toi de vivre seule dans cette ville. Pourquoi ne t'es-tu pas remariée au juste ?

– Je... Je ne peux pas, » souffla-t-elle avec tristesse.

Je n'insistai pas plus surtout lorsqu'elle sortit une tournure de l'armoire décorée d'innombrables ornements. J'ouvris grands les yeux en observant cette demi-cage baleinée en forme d'écrevisse qui se mettait sous la jupe et qui devait ainsi augmenter le volume à l'arrière. Telle une enfant en pleine crise, je criai sur cette atrocité et dis à Lauren que je ne voulais surtout pas porter cette chose.

« Nous sommes sensées porter une tournure Ambre, dit-elle, exaspérée par mon comportement.

– Je ne veux pas ! Ce truc est immonde, je ne vois pas pourquoi vous avez ce genre de vêtement en plus. La robe que je portais à mon arrivée était bien !

– Elle était trop pâle et vieillotte, dit-elle avec une grimace avant de se tourner vers la penderie. Une nouvelle mode s'est propagée dans le quartier, mais la jupe doit tout de même être portée avec une tournure, cependant elle est plus petite et de ce fait plus légère pour marcher à son aise. »

La jeune femme sortit une jupe avec des plis verticaux et un haut du style veste. Étonnée, je m'approchai de l'ensemble qui ressemblait bien à un traditionnel tailleur qu'on pouvait trouver à notre époque.

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Je souris à la jeune femme qui fut soulagée par mon accord. On pouvait dire que j'étais difficile au niveau des vêtements, mais sincèrement les pantalons me manquaient plus qu'autre chose. Les robes d'ici étaient trop volumineuses et extravagantes pour être portées. Mais il n'y avait que moi qui voyais l'inconvénient de cet accoutrement.

Lauren m'aida à enfiler la jupe tandis que je mis la veste qui me serrait la taille. Elle s'occupa ensuite de ma coiffure. Un chignon haut et sophistiqué que je ne saurais jamais faire. Je m'échappais de ses mains expertes lorsqu'elle tenta d'ajouter un chapeau à ma tenue. Je fuyais dans les escaliers et l'attendis en bas. Mon amie rouspéta quelques instants avant de me rejoindre. Je souris en enfilant mes ballerines noires puis nous prîmes un fiacre pour nous rendre directement chez Peter.

« Ce n'est pas certain qu'il soit présent, Ambre, dit-elle, assise à côté de moi.

– C'est vrai, mais nous pourrons voir sa femme ! »

Ma bonne humeur semblait l'exaspérer. C'était toujours ainsi entre nous, soit c'était elle qui partageait son bonheur et parlait beaucoup, soit c'était à moi de crier de joie tandis qu'elle restait boudeuse et muette. L'angoisse la travaillait. J'essayai de raviver un semblant de joie en elle, mais ces meurtres lui faisaient peur. Comme à beaucoup de personnes.

La preuve, en regardant par la petite fenêtre du moyen de transport, il n'y avait plus grand monde dehors même si nous étions encore dans le quartier Ouest.

« Après un corps retrouvé, il est devenu coutume de ne pas sortir de chez soi le lendemain. Certains respectent cette règle, mais d'autres ne peuvent pas se permettre de ne pas aller travailler pour nourrir leur famille. »

Elle avait chuchoté ces paroles, mais son regard se portait sur le cocher à l'avant qui dirigeait les chevaux. Vêtu d'un smoking à la mode et d'un chapeau haut de forme, le vieil homme d'une quarantaine d'années arrêta le fiacre devant la maison des Sharp. Il repartit rapidement en quête de nouveaux clients tandis que nous toquâmes à la porte de la bâtisse.

La symétrie était la norme. La maison avait le même nombre de fenêtres à gauche et à droite ; le toit d'un rouge écrevisse surplombait le haut. Toutes les habitations étaient similaires dans ce coin à un quartier résidentiel où la copie conforme de l'architecture intérieure était de mise.

Enfin, la porte s'ouvrit alors que mon observation s'arrêta. Une magnifique jeune femme au regard bleu me fixait avec surprise. Nous nous regardâmes un instant subjuguée l'une par l'autre. Ses cheveux châtains donnaient un contraste saisissant avec la couleur de ses yeux. Son visage aux joues bien rondes la rajeunissait beaucoup, mais je savais qu'elle devait au moins avoir mon âge ou plus. Sa petite taille ne devait pas aider pas non plus à la voir comme une adulte.

« Agathe, j'aimerais te présenter Ambre Wells, une amie qui vient d'emménager dans ma demeure. Nous sommes venues en espérant pouvoir parler à ton mari. Vois-tu, ma chère amie est professeure de sciences et souhaiterait aider à trouver le coupable. »

Lauren avait murmuré d'une seule traite, mais la peur pouvait se ressentir dans les nuances de sa voix. Je la regardai avec inquiétude, puis souris à Agathe. Celle-ci nous fit entrer avec plaisir, aussi inquiète que moi pour notre amie commune.

Nous nous installâmes dans le salon sur un canapé confortable et sûrement très coûteux. Agathe était en face de nous assise dans un fauteuil. D'après ce que j'avais compris, elles ne s'étaient pas vues depuis plusieurs mois. Elles étaient ravies de discuter enfin ensemble. Depuis les meurtres, Lauren craignait de sortir de chez elle.

« Donc vous êtes venu à cause des meurtres ? demanda Agathe en se tournant vers moi.

– J'aime beaucoup résoudre les problèmes, envoyai-je avec un sourire mystérieux.

– Je comprends, je suis moi-même une personne qui aime les résoudre. Peter est absent actuellement. Il est parti à l'Est à l'endroit où un ouvrier a retrouvé le corps de la pauvre femme. »

Étrangement, elle avait dit cela avec une voix empreinte de tristesse, mais ses yeux étaient vides de ce sentiment. Elle n'était pas du tout désolée pour la mort de cette femme. Elle semblait même indifférente. Je portai la tasse de thé à mes lèvres en réfléchissant.

« Pourrais-je avoir plus d'informations sur ces meurtres ?

– Je ne peux vous donner que les informations que les médias relatent.

– Bien, racontez-moi. »


Agathe, alliée ou ennemie ou simplement bizarre ? x)

Ceux et celles qui lisent aussi le premier tome, je ne révèle pas les choses dans le même ordre, donc il se pourrait que vous soyez spoiler sur une information concernant les voyageurs (Ambre, Onyx, etc...).

Les Changeurs de Destins - GrimviceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant