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– Ripper, j'écoute. Faites vite Clyde, je suis extrêmement pressé. Je dois passer un coup de fil très urgent, répond le lieutenant d'une voix qu'il veut la plus neutre et la plus posée possible, malgré la colère qui monte en lui.

Allistair le fixe de son seul œil valide, l'autre disparaissant rapidement sous un hématome grossissant.

– Patron, c'est moi, MacFerson. C'est urgent. J'ai fait passer le message à Norman et il a fait ce que vous lui avait demandé. Il a donné un bobard au gamin et il était prêt à le croire sauf que... dit MacFerson entrecoupé par sa respiration.

– Sauf que ? demande Ripper, soudain devenu extrêmement attentif.

– ...sauf que le môme lui a dit qu'il avait reçu par la poste un cadeau de son père. Nos gars ne se sont doutés de rien, ils surveillaient surtout la maison. C'était un téléphone portable. Ça a intrigué le gamin puisque Allistair lui avait déjà offert le dernier Iphone il y a cinq mois, pour son anniversaire.

– Et alors ? questionne glacé Ripper regardant tour à tour Allistair et la pendule du bureau ovale.

– Avec le portable il y avait un mot qui demandait au mioche de se planquer dans les toilettes – hors de portée des gars qui surveillent la maison – et de téléphoner au nouveau numéro d'Allistair.

– Continuez, dit Ripper imperturbable.

– Il l'a appelé il y a environ trois quart d'heure, juste avant que Finney ne le retrouve. Patron, cette ordure se fout de vous ! Il sait parfaitement que son fils et sa mère sont à plus de deux cent kilomètres de Los Angeles... Il se doutait bien que toutes ses lignes seraient sur écoute et que nous ne pourrions pas savoir qu'il avait acheté deux nouveaux cellulaires pour l'occasion. Ce mec est un malin, il ne parlera pas. Monsieur Ripper ? Monsieur Ripper ? Vous êtes toujours en ligne ? Monsieur ?

Ripper est silencieux. Il observe le visage amoché d'Allistair et celui-ci fait de même, sans expression.

– Oui, j'ai bien compris Clyde. Vous avez fait du bon boulot, merci. Restez où vous êtes et donnez un coup de main aux autres. Maintenant je pense que plus rien ne peux changer le cours des choses.

Et il raccroche. Au travers de la porte Bullit crie : « Plus qu'une minute Ripper ! ». Il se passe la main sur le visage et vient se rasseoir face à Allistair.

– Je ne vous comprends pas sergent Allistair. La vie de vos concitoyens n'a donc aucune valeur à vos yeux ? Pour vous venger de quelques-uns vous aller en sacrifier plusieurs centaines. Vous vous êtes toujours montré économe de celle de vos hommes. Beaucoup ont leur famille à Los Angeles, y vivent tranquillement. Peut-être que l'un d'eux va prendre un train, un avion ou bien passer sous un pont avec sa voiture, se promener dans un centre commercial avec ses enfants. Peut-être que vous allez les tuer tous pour venger votre honneur.

Ripper fait une pause de quelques secondes et reprend :

– Dans moins de trente secondes cette porte va s'ouvrir et mon collègue Richard Bullit va prendre le relais avec des méthodes que je désapprouve totalement. Je vous en prie monsieur Allistair, dites-moi où vous avez dissimulé les explosifs ! Après je ne pourrais plus rien pour vous.

Silence. Allistair reste de marbre. Déjà, il ne regarde plus Ripper. Son regard s'égare derrière son épaule. Ripper se retourne. Allistair observe comme hypnotisé la pendule du bureau. Elle vient d'indiquer 11H45. La porte s'ouvre et Bullit entre.

72 minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant