(T.2) Chapitre 2

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Je perds connaissance, je suis en train de mourir.

Notre enfant, notre chair, le seul qu'il nous ait été possible d'avoir nous avait échappé, nous avait glissé entre les doigts. Tout ce que j'entends, est :" Dépêchez-vous, nous sommes en train de le perdre".

Je plonge dans un coma artificiel et connais des jours agités par des rêves et des cauchemars...

" Je me réveille dans une salle d'opération, encore au bloc, la cage thoracique ouverte. L'homme en blouse blanche s'attaque à mon cœur. Je le vois inciser chaque artère qui mène à mon organe. Je le vois battre de plus en plus lentement, tandis que le chirurgien derrière son masque, sourit. Il prend mon précieux cœur entre ses doigts et je m'aperçois qu'il est étrangement noir.

- Ton cœur est obscur, ton âme est corrompue, ton esprit est pareil à la tour qui succombe.

Mon cœur s'arrête.

Je vois mes démons se profiler au bout de cette allée de cendre. Quelle chaleur ! Les flammes jaillissent du sol et semblent toucher le ciel chargé d'électricité. Les portes de l'enfer ne sont plus très loin et des gouttelettes sanglantes s'abattent sur le sol noirâtre. Ça y est alors, je suis en enfer et belle et bien mort. Pourtant, je n'ai pas traversé cette allée blanche, ni même rencontrer d'anges vêtus de toges immaculées. Je suis, en revanche, perdu dans cette contrée hostile, un désert noir, seulement peuplé de volcans en éruption et tapis de cendres. La chaleur étouffante m'empêche de respirer normalement et calmement. Mon rythme cardiaque augmente. Mes mains sont moites. J'enlève mon tee-shirt ensanglanté qui me procure une sensation d'inconfort. Je me dépêche de le mettre sur ma tête pour échapper à cette pluie écarlate. Je déambule entre les arbres morts et commence à grelotter. Les températures s'inversent, la pluie s'est arrêtée et je me retrouve dans un endroit familier. Mon ancienne maison, mon ancienne vie, mon...

- Aux secours !

Cette voix m'est familière. Je me dirige vers ce vif éclat de voix. Je cours, cours, et m'arrête. Je me retourne lentement. Mes pas dans la neige sont ensanglantés, laissant mes traces tel un tueur. La neige tombe, j'entends le bruit de mes pas sur l'étendue blanche. Je ne l'entends plus. Mais sa voix surgit de nouveau dans mes pensées.

- Peter...

Je mets mes mains de chaque côté de ma tête pour arrêter ces hurlements qui martèlent mon crâne. Ses voix cessent subitement. Puis reprennent et s'arrêtent de nouveau. L'atmosphère devient soudainement calme et silencieuse. J'entends le bourdonnement de mes oreilles, le clapotis provoqué par l'agitation de la surface de l'eau soulevée par des ondes de vagues qui s'entrechoquent et la friction de mes mains pour enlever le sang qui colle à mes paumes. Le sang sur mes mains ne veut pas partir telle une trace indélébile.

Je bascule de nouveau dans un endroit qui me hante encore chaque nuit. Cette pièce, son corps étendu par terre, son souffle et ses dernières paroles. Les larmes se sont frayé un chemin jusqu'à mes yeux tandis que je les sens, brûlantes de tristesse, descendre vers mon menton chevrotant par à-coups.

- Tu l'as laissé me tuer...

Elle apparaît devant moi, pâle, les cheveux devant les yeux. Son regard, sans éclat de vie, me frappe. Ses doigts caressent lentement mes joues rasées. Des larmes brouillent ses yeux. Ses badigoinces s'agitent sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Ses lèvres glacées frôlent les miennes sans qu'elles n'entrent en contact, attirées par un désir ardent. Ses doigts fins atteignent enfin mes yeux qu'elle clôt lentement comme lors de sa mort.

Lorsque je les ouvre de nouveau, la douceur du printemps réchauffe mon visage. Je me trouve dans un parc, telle une ombre. Personne ne semble me prêter attention.

Attiré par des éclats de rire, je me retourne et me vois, une petite fille dans les bras et sa tête sur mon épaule. Elle est vêtue d'une robe fleurie, un chapeau de paille sur la tête et le sourire sur ses lèvres. Je la vois allongée à mes côtés sur la nappe.

- Notre avenir était déjà tracé. Nous étions faits pour être ensemble, pour fonder une famille. Cette petite fille que tu vois devait s'appeler Irina, qui signifie << Paix >>. Nous devions l'éduquer, gérer ses premières crises d'adolescence, la voir grandir et partir de la maison pour intégrer une grande école. Nous aurions eu des petits enfants et...

Elle s'arrête, dans l'impossibilité de poursuivre son récit sans que ses larmes coulent. Je la sers dans mes bras et prononce son prénom trois ans après l'arrêt de son cœur.

- Zoé... "

*

Je sais, c'est court, mais les prochains seront beaucoup plus long puisque les choses sérieuses vont commencer.

J'ai également remanié la couverture, et je sais, on a l'impression que c'est une couverture de chronique. En fait, je l'ai choisie pour la beauté du regard, son intensité. Ces yeux sont époustouflants et envoûtants, je ne saurai m'en détacher...

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⏰ Last updated: Feb 12, 2017 ⏰

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Unforgettable Bad Boy [en réécriture]Where stories live. Discover now