Septième chapitre

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- Qu'est ce que c'est ? Je demande en continuant de faire tourner l'objet entre mes doigts.
- Tu le sauras assez tôt.

Un soupir d'agacement lui échappe puis il lâche :

- Ton père était un vrai imbécile.

A l'entente de ses mots, je relève brusquement les yeux vers lui qui me fixe. Je m'apprête à rétorquer mais il me devance en prenant la parole.

- La vraie bataille, la notre, n'est pas contre Instinctus, Héméra.
- De quoi parles-tu ? L'interrogé-je, la curiosité reprenant le dessus.
- Je n'ai jamais été un grand fan de la science mais un jour, un scientifique, Howell Connor, a murmuré des paroles qui me semblaient pleines de sens. « Vous savez qu'est ce que je pense ? » A dit-il « Je pense que c'est un retour à l'état primitif, à la source. Instinctus n'est pas une malédiction, ni un virus, loin de là. C'est un rappel de la nature, elle reprend ce qu'elle donne. Je pense que quelque chose de mauvais arrive et que pour l'affronter, nous allons devoir laisser derrière nous tout ces gadgets que nous avons inventé. Nous allons devoir nous adapter, laisser sortir l'animal qui est en nous » ; Il a été jugé dangereux et le jour d'après, il a été exécuté pour apologie à Instinctus.

Il penche légèrement la tête sur le côté encore une fois.

- « Laisser sortir l'animal qui est en nous », répète-t-il en commençant à tourner autour de moi, toujours avec ce même regard qui semble transpercer mon âme. Qu'attends-tu pour le laisser sortir en toi, Héméra ?

Je secoue la tête.

- Je sais qu'il est à l'intérieur, poursuit-il en s'arrêtant en face de moi. Je sais qu'il te murmure des choses, qu'il veut sortir.
- Je ne suis pas un monstre, craché-je en fronçant les sourcils.
- Tu n'es alors pas prête à entendre la vérité comme tu le clames haut et fort.
- Dis-moi, j'exige.
- Nous partons, réplique-t-il, m'ignorant ouvertement.

Il m'attrape par le bras et nous guide précipitamment vers le rideau d'eau qui sert de sortie à la petite grotte. Une fois passé, je remarque que tout le monde, Gardes comme les filles, sont déjà partis. Combien de temps sommes-nous resté dans cette grotte au juste ?

Je me dégage de la prise de Zayn et me dirige rapidement vers le bord du bassin afin de m'extraire de l'eau. Il grogne en me suivant et m'imite.

- Où sont-il tous ?
- En chemin pour rentrer. Les autres gardes ont aussi une tournée à faire. Celle de l'autre groupe : Les Calvelli.
- Pourquoi les as-tu séparé ? Aboyé-je en le suivant malgré moi parmi les arbres.
- Je n'ai pas eu à le faire, ils l'ont fait d'eux-mêmes. Tu le saurais si la petite chose fragile que tu es n'avait pas passé deux jours à dormir, refusant d'affronter la réalité.

Je ne rétorque rien car ces mots me rappellent un souvenir amer. Celui de Séléné me crachant à la figure que je les avais abandonné. Nous marchons quelques minutes sans échanger un mot puis le silence est brisée par un cri qui me fait m'arrêter soudainement. Je connais les miens, j'ai grandi avec eux, c'est pour cela qu'il ne m'a fallu que deux secondes pour reconnaître ce son. Automatiquement, mes oreilles envoient un signal à mes pieds et ces derniers prennent la direction de la provenance de ses cris. J'entends à peine Zayn me hurler de revenir et je suis étonnée de constater que je suis plus rapide que lui car il ne me rattrape pas. Et pourtant j'aurais voulu qu'il le fasse car ce que je découvre me coupe littéralement le souffle et ma gorge se serre tellement que le cri d'effroi reste bloqué à l'intérieur.

Mon cerveau refuse d'enregistrer les images et je veux détourner les yeux de cette scène horrible mais je n'y arrive pas. La jeune fille est penchée contre un arbre et derrière elle se trouve un homme robuste. Derrière cet homme se trouve deux autres nu semblant attendre impatiemment leur tour. La situation ne m'aurait pas autant horrifié si je n'avais pas reconnu la longue chevelure brune de Séléné ainsi que l'identité de l'homme qui abusait d'elle : l'Alpha à qui j'ai crevé l'œil. Le claquement de chair et les gémissements de ma cousine occupent obstinément le silence de la forêt ainsi que chaque recoin de ma tête.

Instinctus - zjmWhere stories live. Discover now