2. Retrouvailles

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Thomas avait réussi à partir plus tôt du travail ce jour-là. Sous les quolibets bon enfants de ses collègues, il avait quitté le restaurant après le service du midi.

À la base, il avait négocié sa soirée en pensant emmener sa dernière conquête dans un bon restaurant qu'il avait réservé. Seulement, deux jours auparavant son petit ami l'avait largué au prétexte qu'il ne donnait pas dans le lot de consolation.

Thomas l'avait laissé partir sans vraiment tenter de le retenir et n'avait ensuite rien dit à ses collègues, lui qui avait fait des pieds et des mains pour avoir sa stupide soirée de disponible.

Célibataire et n'ayant plus rien de prévu, il en était donc réduit à passer la soirée chez lui devant un plateau repas et un film qui lui ferait passer le temps.

Bien sûr, il aurait pu aller dans un bar et trouver une nouvelle conquête, ou bien appeler des amis et passer la soirée avec eux; mais la vérité, c'est que son ex avait raison. Il s'était servi de lui afin d'oublier celui qui l'intéressait vraiment et qu'il ne pouvait pas avoir.

Depuis qu'il avait revu Marc à Noël, les autres hommes ne l'intéressaient plus, et seul son ami d'enfance et premier amour occupait son esprit.

Lorsqu'il lui avait offert la boite contenant toutes les lettres qu'il lui avait écrites, mais jamais envoyées, Thomas avait pensé que ça règlerait leur vieille brouille. D'autant qu'il l'avait tout de même embrassé. Il avait pensé que le message était suffisamment clair.

Pourtant cela n'avait pas semblé suffire. Et dans les jours qui avaient suivi, alors qu'ils s'étaient croisés à plusieurs reprises, Marc n'avait montré aucun signe d'intérêt pour lui.

Oh il lui avait bien pardonné ses erreurs et la façon dont il avait manqué de courage à l'époque ; mais pour Marc, les choses semblaient être définitivement closes et Thomas était retombé au stade d'ami d'enfance dont les relations se sont distendues avec le temps.

Cela lui avait été pénible, mais Marc étant de passage, il avait fait contre mauvaise fortune bon cœur et avait pris le parti d'au moins réparer leur amitié. Et il y était parvenu. Lorsque Marc était reparti fin janvier, tous deux avaient renoué avec leur vieille complicité. Et tout aurait pu s'arrêter là, Thomas se faisant une raison sur cette relation.

Puis le jour du départ de Marc pour l'Indonésie était arrivé. Son avion étant à 6h du matin, il avait prévu de prendre un taxi afin de n'embêter personne, mais Thomas s'était proposé pour l'accompagner, et avait insisté jusqu'à ce que Marc finisse par céder. Ils avaient passé le trajet à écouter la radio, la musique comblant leur silence respectif. Arrivés à l'aéroport Marc s'était enregistré puis ils avaient pris un petit déjeuner ensemble, parlant de tout et de rien, tout en évitant soigneusement le sujet du départ de Marc.

Mais après une heure de discussion, l'heure de la séparation était finalement arrivée. Thomas l'avait accompagné jusqu'à l'espace d'embarquement et ils s'étaient enlacés dans une accolade amicale. Seulement, au moment de se séparer, Marc s'était penché vers lui et l'avait embrassé. Et pas d'un simple effleurement de lèvres. Un baiser passionné. Un baiser d'adieu. Avant que Thomas ne puisse réagir et le retenir, Marc s'était engouffré dans la file d'attente et avait disparu derrière la vitre en verre sans même lui jeter un dernier regard.

Puis Thomas était resté sans nouvelle de son ami.

Il lui avait envoyé plusieurs mails, et était même passé par l'intermédiaire de Sophie, mais celle-ci n'avait pas plus de nouvelle de son frère que lui. Ils avaient bien reçu un message pour leur dire qu'il était arrivé à destination et que tout allait bien, mais rien de plus. Pour Sophie, il n'y avait rien d'alarmant à ce que son frère ne donne pas plus de nouvelles, elle qui était habituée au rythme d'un mail par mois environ ; mais pour Thomas, cela voulait simplement dire que son ami évitait de lui répondre.

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant