1. Retour

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Il présenta son passeport à l'officier de la douane, puis le récupéra quelques secondes plus tard après un examen détaillé. Il salua ensuite l'homme et franchit la petite allée. Et voilà, il se retrouvait en France en l'espace de quelques pas.

Quelques pas, et une dizaine d'heures d'avion qui l'avaient épuisé.

Sortant de la zone d'atterrissage, il franchit les portes automatiques et se retrouva projeté dans le bruit et la vie de l'aéroport.

On était le 24 décembre, il était 6h du matin et le soleil n'était pas encore levé, mais ici, le temps n'avait pas de prise. Les gens circulaient en tous sens et un brouhaha résonnait, sans compter les annonces que les microphones passaient les unes après les autres.

Il soupira.

La dernière fois qu'il avait mis les pieds ici, il était parti à l'autre bout du monde pour s'engager dans une mission humanitaire d'un an. Il y était resté cinq ans.

Prenant une grande inspiration, il souffla lentement avant de se jeter dans la masse anonyme. La première étape était de trouver un taxi qui le déposerait dans un hôtel. Il avait prévu de se reposer un peu, et de se recomposer une allure civilisée avant de se rendre dans sa famille.

C'était sans compter sur sa sœur qui avait prévu les choses autrement, et qui se précipita sur lui à peine la barrière passée.

— Marc ! Marc !

Ne s'attendant pas à ce que quelqu'un vienne le chercher, il ne réagit pas tout de suite, mais finit par se retourner au bout du quatrième appel, et surtout de la main qui lui saisit l'épaule. D'abord surpris, il finit par reconnaître la jeune femme.

— Emilie ?! Qu'est-ce que tu fiches ici bon sang ?

En face de lui, l'autre souriait de toutes ses dents.

— Eh bien je suis venue te chercher.

— Je t'avais dit que je me débrouillerai, et que je vous rejoindrais dans la journée.

Elle leva les yeux au ciel.

— C'est ça ouais, comme si j'allais laisser mon frère que je n'ai pas vu depuis des années aller dans un hôtel. Aller viens, je t'emmène chez moi. Tu te reposeras aussi bien et pour moins cher dans ma chambre d'amis.

Marc ne put s'empêcher de sourire. En cinq ans, la jeune fille qu'il avait connu était devenue une femme. Il lui emboita le pas et la suivi jusqu'à l'ascenseur.

— Tu sais que tu ressembles de plus en plus à maman ?

— Je te remercie du compliment, mais je ne te le retourne pas. Sous cette barbe et avec ta tignasse, de ton côté, on dirait surtout un sauvage.

Marc sourit, sa sœur lui avait manqué, et sous l'impulsion du moment il la serra dans ses bras.

— Bah ! Lâche-moi ! Tu pues. Pas de câlin avant une bonne douche.

Il éclata de rire alors qu'ils sortaient de l'ascenseur et se dirigeaient vers la voiture. Ce ne fut qu'une fois sur la route, et pour tromper le sommeil qu'il posa la question.

— Alors comment ça se passe à la maison, depuis qu'ils savent que je rentre ?

Emilie lui jeta un coup d'œil avant de revenir sur la route.

— Comme le retour du fils prodigue. Ils ont prévu de mettre les petits plats dans les grands. Ça fait des semaines que maman réfléchit aux menus. Et lorsqu'elle va te voir tu peux être sûr que tu ne quitteras pas la table avant d'avoir pris au moins trois kilos.

Cinq ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant