i n t h e m a l l Ⓞ f i v e

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F a m i l y m e a n s

n o o n e g e t s l e f t b e h i n d

o r f o r g o t t e n





La pluie a cessé pendant la nuit. Mes yeux me piquent terriblement, mais j'ai beau faire un effort, je suis incapable de m'endormir, et c'est donc avec beaucoup d'impatience que j'attends que le soleil se lève. Cela fait plus de vingt quatre heures que je n'ai pas dormi, mais tant pis, je ne peux pas forcer le sommeil à m'emmener avec lui. Je sais que lorsque je prendrai de la distance avec ce lieu, je me sentirai sûrement mieux, et je pourrai faire un petit somme. C'est sans attendre, alors, que je réveille Cole dès que les premiers rayons du soleil percent au travers des fenêtres. Je ne me suis jamais sentie aussi soulagée de devoir parcourir des kilomètres, le dos voûté le long de bâtiments en ruine, pour trouver un nouveau refuge. Mais il faut absolument que je mette de la distance entre nous et ce endroit.

Cole rassemble ses affaires en silence, comme d'habitude, et alors que j'entends son ventre gargouiller, je me rends compte que mon estomac est trop noué pour que je ne puisse avaler quoi que ce soit. C'est bien la première fois que ça m'arrive, parce que même en cas de panique extrême, j'arrive toujours à avoir une petite faim, tellement mon régime est strict. Mais je me dis que ce n'est que le stresse de la veille qui me reste sur l'estomac et qu'il disparaîtra dès que nous aurons trouvé un nouvel endroit où se cacher. Je n'ai pas l'intention de rester plus longtemps ici, et puis ça n'a rien d'un refuge confortable, c'était juste contre la pluie.

Je n'aime pas ça, mais pour sortir, je ne me mets pas en tête de trouver une autre sortie et je relève la porte de garage en taule par laquelle nous sommes rentrés. Comme je m'y attendais, le bruit de l'orage avait grandement atténué le raclement de la taule rouillée dans les rouages de la porte, et le crissement strident qui résonne dans toute la rue me fait serrer les dents. Cole, dans mon dos, grommelle tout en se bouchant les oreilles. Alors je ne cherche pas plus loin, et dès que la porte est assez haute pour nous permette de nous faufiler dessous, j'attrape Cole par le bras et le tire rapidement à l'extérieur.

Comme on dit, après la pluie vient le beau temps, et le ciel est particulièrement dégagé aujourd'hui. Quelques nuages se baladent dans l'immensité azur, et le soleil perce royalement sur ma droite. Le bleu du ciel me renvoit directement au garçon, alors je secoue fortement la tête pour oublier son regard.

Nous longeons plusieurs rues sans la moindre trace de vie, ni de nourriture, d'ailleurs, et au fur et à mesure de la marche, je sens que Cole commence à traîner des pieds. Le soleil est de plus en plus haut dans le ciel, et il fait d'ailleurs assez chaud pour que nous enlevions nos bonnets et une couche de vêtements. Nous entassons le tout dans nos sacs, qui sont déjà plein à craquer, et nous continuons notre route. Cole est de plus en plus grognon que j'oublie définitivement la journée d'hier pour me consacrer entièrement à la recherche de nourriture.

Je ne sais pas le nom de la ville que nous explorons depuis déjà plusieurs semaines. Elle est si grande que je regrette presque d'être passée par ici. La plupart du temps, nous marchons dans de grandes étendues vertes, des forêts, des plaines, et nous tombons sur quelques petits villages, alors lorsque j'ai fini par me retrouver aux portes d'une ville qui semblait immense, je n'ai pas résisté à ma curiosité de la parcourir. Le problème, c'est que je ne sais maintenant même plus comment en sortir, elle me paraît comme un immense labyrinthe où j'ai été enfermée, et que je suis une petite proie perdue à l'intérieur qui n'attend que de se faire croquer toute crue.

No hope for humanityWhere stories live. Discover now