b e f o r e Ⓞ p r o l o g u e

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t h e f e a r o f d e a t h f o l l o w s

f r o m t h e f e a r o f l i f e



Ma vie avant, pendant l'ère Humaine, n'était rien. Parce que dans le fond, on avait déjà perdu contre eux. On vivait terrés, affamés, frigorifiés. Pourtant, j'y ai cru. J'ai cru que je pourrais avoir une vie "normale".

Je ne savais même pas ce que c'était, une vie normale. Mais mes parents m'en parlaient tellement souvent que j'en rêvais la nuit. Je n'ai pas répété cette erreur avec Cole. Je ne lui ai pas parlé des avions dans le ciel, des fleurs dans les champs, des bâtiments si hauts qu'ils feraient de l'ombre à n'importe qui, des sourires sur le visage des enfants. J'ai fait en sorte qu'il ne connaisse rien d'autre que le merdier dans lequel on vit, pour qu'il n'ait pas d'espoir.

Parce que l'espoir est du poison, si épais qu'il te colle à la peau et qu'il te fait croire qu'un jour, tout ira mieux, que les oiseaux gazouilleront, que ton prince viendra et que tu vivras heureux et que t'auras beaucoup d'enfants.

Et comme ça, Cole ne rêve pas la nuit de quelque chose de meilleur qu'il ne pourra jamais avoir. C'est bon d'avoir de l'espoir quand la lumière peut réellement apparaître au bout du tunnel. Avoir de l'espoir dans notre situation, c'est du suicide. Et j'ai promis à mes parents que je prendrais soin de lui, dans cette vie comme dans une autre. On va d'abord essayer dans cette vie, puisque si j'y arrive ici, je pourrais y arriver partout.

Son bonheur à lui se résume à trouver un coin chaud où poser notre duvet, une vieille boîte de conserve à manger froide, et aussi de réussir à échapper aux ombres qui arpentent les rues.

No hope for humanityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant