Chapitre 3 bis

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Je ne savais pas quoi faire, alors dans un premier temps je ne fis rien à part pleurer, comme paralysé par la peur. Puis finalement je m'avançais vers le corps gisant de ma douce Aya pour m'agenouiller devant elle. Je lui pris sa main et tourna son visage vers moi. Elle n'était pas encore morte, mais je venais de la tuer. Ses yeux étaient embués par l'eau salée de ses larmes se mélangeant avec son sang. Je caressa doucement son visage pour une mort heureuse. La seule mort heureuse que j'étais capable de faire. Surtout que, n'étant qu'une création des dieux, son corps disparaitrait sans que son âme soit envoyée ici, aux Enfers.

- Je te pardonne et je veillerais sur notre fils. Je t'aime. chuchotais-je.

Je la vis fermer ses yeux et petit à petit ses respirations se turent.

- Embrasse-la.

Je relevais la tête vers Perséphone, me demandant pour quoi elle venait de me dire ça alors qu'elle est plutôt de nature très jalouse d'habitude.

- Tu l'aimes. murmura-t-elle. Alors si tu veux la sauver, embrasse-la.

Quelques larmes coulèrent sur son visage puis elle se tourna pour partir. Je regardais pour ma part de nouveau Aya avant de retirer l'immense bloc de roche qui lui pénétrait le ventre, puis je posais mes lèvres sur les siennes. Après seulement quelques secondes je me dégageais du corps de ma douce pour voir si ce que m'avait conseillé Perséphone fonctionnait, mais rien ne se passa. Je réessaya plusieurs fois mais ça ne fonctionna toujours pas, alors je décida simplement de me coucher à côté d'elle, ma tête posée sur son épaule. Je sécha mes larmes et soupirais. Encore une fois, je souffrais pour rien. J'aurais pu me contenter de Perséphone, j'aurais du même, pourtant j'étais tombé amoureux d'une magnifique jeune femme de quatre ans qui voulait un enfant. Et maintenant, alors qu'elle mourrait à 24 ans je chialais comme une merde. Il fallait que je me reprenne et que j'oublie, mais comment ?

- Moi aussi, je t'aime.

Je tournais la tête vers Aya et elle me regardait avec deux petits yeux pratiquement clos. Je ne répondis rien. J'étais partagé entre la joie qu'elle m'aime et qu'elle ne soit pas morte et la tristesse qu'elle soit encore en vie car elle me rend faible.

- J'ai cru que tu étais partie. prononçais-je finalement.

- Je n'aurais jamais osé mettre la vie de mon fils en jeu.

Oui, elle reste avec moi pour notre fils, pas pour moi.

- Et puis ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus.

Comme si ça pouvait te faire quelque chose...

- Ouais. T'étais trop occupée à me tromper là-haut. répliquais-je.

- Je ne t'ai jamais trompé, j'ai juste essayé d'offrir un père à mon enfant.

- Cesse de dire que c'est ton enfant ! C'est le notre je te signale ! Et puis moi j'aurais été un très bon père ! hurlais-je.

- Je n'en doute pas... soupirait-elle.

- Alors pourquoi ? Pourquoi t'éloigner de moi ? Pourquoi l'éloigner de moi ? demandais-je.

Aucune réponse.

- T'es comme Perséphone en fait. T'avais raison, tu ne me mérites pas. J'ai beau tuer, moi j'aime.

- Ne dis pas ça...

- Ta gueule. Tu dégage demain et je reprendrais notre fils.

Elle se releva tout de suite pour me faire face.

- Alors là, je ne te permet pas !

- Je m'en contre-fiche que tu me permettes ou non, c'est mon fils et j'ai des droits sur lui.

- Mais je l'aime ! Et puis je t'aime ! Tu ne peux pas me faire ça ! cria-t-elle au bord des larmes.

- Tu me l'as bien fait à moi. Et pendant dix-neuf ans en plus. Pour lui offrir quoi ? Une vie sans père avec une mère qui est une pute. Génial. Moi j'ai tellement mieux pour lui.

Elle s'assit finalement sur une roche alors que j'enfonçais mes mains dans mon jean. Ses mains cachaient son beau visage rempli de larmes et cette vision me chamboulait tant que je fus obligé de baisser le regard. Mon ventre faisait des montagnes russes. Enfin je suppose, puisque je n'en ai jamais fait.

- Promet-moi que tu t'occuperas bien de lui.

Je relevais ma tête pour fixer Aya et j'avalais ma salive. Que pouvais-je dire face à ce visage angélique qui vous supplie ? Je n'allais pas lui prendre son fils.

- Non.

- Pardon ? s'offusqua-t-elle.

- C'est ton fils, pas le mien. Quand avant je rêvais d'une famille et d'enfants, je ne les empêchais pas de voir leur mère. Toi, tu est peut-être ce genre de mère mais moi, je ne suis pas ce genre de père. Du moins je ne veux pas l'être.

Elle me regarda plusieurs secondes la bouche entre-ouverte avant de se lever et de s'approcher de moi en tremblant. Finalement, elle m'encercla de ses petits bras tremblotants et posa sa tête sur mon torse alors que je restais immobile.

- Alors laisse-moi rester avec toi pour toujours. Mon fils est grand, et il ne se souvient certainement plus de moi, alors autant profiter de toi, de nous.

- Il n'y a plus de nous depuis longtemps et tu le sais très bien.

- Justement. Changeons ça.

J'abaissais mon regard vers Aya qui me regardait avec des yeux déjà plus ouverts que ceux de tout à l'heure et qui monta lentement sur la pointe des pieds pour atteindre ma bouche. Je me laissais faire sans bouger, plutôt heureux de ce baiser.

Secret oubliéWhere stories live. Discover now