Chapitre 2

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Chapitre 2

- Tu n'es plus vierge, ma fille.

Astrid sursauta violemment. Mama Bayou la fixait par-dessus ses lunettes.

- Quoi ? Comment tu...? Je...Pardon ?

- Erzulie Freda est dans tes yeux. Elle irradie même tout autour de toi.

Parfois, Astrid se demandait si Mama n'était pas une magicienne capable de lire dans ses pensées. On ne pouvait rien lui cacher. Merci, Erzulie, pour la discrétion.

- Comment c'était ? demanda doucement Mama.

Elles parlaient anglais, comme toujours entre elles, mais Astrid baissa la voix quand même.

- Merveilleux. Oh, surtout, ne dis rien à personne.

- Bien sûr que non. Pour qui me prends-tu ?

- Alors c'est toi qui as déverrouillé la porte hier soir ?

- Evidemment. Je n'allais pas te laisser dormir dehors.

- Merci. Mais...comment savais tu que j'allais rentrer en pleine nuit ? Non, laisse-moi deviner. Erzulie. Bon...tu es sûre que Salvatore ne sait rien ?

- S'il savait, ça se verrait, crois-moi.

Xiu traversa la pièce, leur adressa un sourire complice et sortit : elle donnait des cours de tai-chi-chuan à San Gennaro, qui avaient beaucoup de succès.

- Et Xiu, tu lui as dit ?

- Non, mais elle le sait sûrement aussi. Les femmes sentent ces choses-là. Pas comme ces créatures primitives qu'on appelle des hommes.

Elles rirent toutes les deux. Astrid poursuivit :

- Daniel va rester quelques jours de plus en Italie. Je vais encore le rejoindre cette nuit. Tu m'ouvriras la porte ?

- Compte sur moi. N'oublie pas de te protéger. C'est important.

- Je sais, Mama. Encore merci.

                                                                                          ***

Toutes les nuits, Astrid allait à l'hôtel rejoindre Daniel, où ils expérimentaient tout ce que l'amour pouvait leur offrir. Mama et Xiu savaient, et Ernesto se doutait visiblement de quelque chose, car il avait glissé à Astrid un magazine féminin dont le principal article était : « Nos positions favorites du Kamasutra ». Seuls Antonio et Salvatore vivaient encore dans l'ignorance.

Evidemment, pour la jeune femme, les nuits étaient courtes. Elle s'efforçait de dissimuler ses cernes quand elles devenaient trop voyantes, mais cela n'échappa pas à Salvatore, qui l'intercepta une fois dans le couloir. Il la prit par le menton et lui releva la tête :

- Je vois bien que tu ne dors plus bien. Dis-moi ce qui ne va pas.

Astrid se sentit un peu honteuse. Elle allait encore devoir lui mentir, en le regardant droit dans ses yeux bruns. Elle commença par nier :

- Je vais bien, Salva.

- Ne me mens pas, s'il te plait. Parle-moi.

- Je...fais juste des cauchemars. Parfois. Avec mes parents.

Ce n'était pas non plus très glorieux d'utiliser Alvaro et Esperanza pour se couvrir, mais Astrid savait que c'était la seule chose capable de déstabiliser Salvatore.

- Oh, bébé. Ce n'est sûrement que passager.

Il l'attira contre lui et la serra fort. Pardon papa. Pardon maman. Et pardon aussi, Salva.

La Villa Gialla : Tome 1Where stories live. Discover now