Je vais péter un plomb.

Depuis le début
                                    

- Armand... ?

Ma voix était fébrile, hésitante. Je savais que c'était lui. Mais j'avais presque peur d'avoir raison. C'était étrange. Angoissant. Et si j'avais tord ? Si ce sentiment n'était qu'un tour de mon esprit encore une fois ? Non. Ce visage. Cette voix. Je l'avais déjà entendu. Une seule et unique fois dans les souvenirs de Nana. Lorsqu'elle m'avait parlé de ce fameux « manant » qu'elle aimait tant. Cet homme qui était partit en la laissant élevée seule son enfant car il était un marqué. Cet homme pour qui elle avait renoncé à sa vie bourgeoise. Cet homme qui était aussi mon grand-père.

Il fronça les sourcils, me détaillant avec curiosité plus qu'avec méfiance. Son nom semblait l'avoir radoucis bien qu'étonné. Il plissa un peu les yeux en repliant ses ailes dans son dos, désormais conscient que je ne montrai aucun signe d'agressivité. Il me détailla de haut en bas et son esprit chercha à forcer le mien, chose que je refusais catégoriquement, mes murs hauts et menaçant le dissuadant rapidement. Je ne savais pas si j'avais raison et même s'il était un potentiel parent, je ne lui ferai pas confiance pour cette unique raison.

- Comment connais-tu mon nom, jeune fille ? Me questionna-t-il finalement en s'avançant prudemment vers moi.

- Disons que je vous ai connu au travers des souvenirs de quelqu'un d'autre, soufflai-je calmement. Il y a longtemps...

- Je suis une vieille branche et le nombres de personnes ayant croisées mon chemin est vaste, j'apprécierai donc que tu te montre plus précise, siffla-t-il dans un nouveau froncement de sourcil désapprobateur cette fois-ci.

- Nana.

Son visage s'illumine quelques secondes, ses traits sévères se détende et ses yeux ne me détaille plus avec froideur. Un amour profond luit encore dans le fond de ses prunelles vertes et mon cœur se gonfle. Savait-il qu'elle avait pu vivre bien plus longtemps qu'une humaine normale ? Savait-il qu'elle était morte il y a peu ? Pourquoi n'était-il pas aller la rejoindre s'il était toujours en vie ? Il l'aimait, alors je ne comprenais pas. Rapidement, d'un petit geste de la main il recouvrit tout son calme, ré-apposant un masque sur son visage beaucoup plus doux que ce qu'il ne voulait faire croire.

- Fernande appartient a une vie bien lointaine, comment une enfant pourrait-elle l'avoir rencontrée ? Me demanda-t-il en me faisant soupirer aussitôt.

Il n'était clairement pas au courant. Il ne savait pas que Nana avait vécu bien plus longtemps que ce qu'il imaginait. Comment lui annoncer une telle chose ? Comment lui dire que la femme qu'il croyait morte depuis des années avait, en réalité, disparut il y a quelques années seulement ? Et pire. Comment lui dire qui j'étais ? « Bonjour papy, je suis ta petite fille ? Ah et au faite ta fille est morte et revenue ensuite à la vie. Mais sinon, tout va bien chez nous. » Bonjour la catastrophe oui. J'inspirai longuement avant de me redresser, préférant lui faire face correctement.

Debout, je prenais le temps de regarder autour de moi. L'endroit était sombre, la seule source de lumière provenant d'une petite lampe ronde posée à même le sol. Je tâchai de rester impassible en détaillant l'endroit, bien que je ne pouvais que me sentir piégé. Aucune issu visible. Mais ce qui me dérangeait le plus était ses murs en pierre noir, luisante. Cela regorgeait d'énergie marqué à un point que cela en devenait oppressent, un lourd poids tombant sur mes épaules comme pour m'annoncer que je ne pouvais m'échapper. Je reposai mes yeux sur Armand. Les sentiments devenant plus trouble.

Joie. Anxiété. Colère. Appréhension. Curiosité. Des émotions qui se mélangeait sans que je ne sache faire un tri claire et qui ne faisait qu'encombre mes pensées déjà très emmêler sans l'intervention d'un chaos sentimentale. Je le fixai, trouvant dans le moindre de ses traits une ressemblance avec moi ou avec ma mère. Il avait les cheveux court d'un brun claire, de grand yeux, une peau légèrement hâlé et le même grain de beauté sous l'œil gauche que ma mère. Il était plutôt petit, je le dépassai d'un ou deux centimètres approximativement. Ni musclé, ni trop maigre, un entre deux parfait qui cadrait assez avec l'âge que je tentais de lui estimer. Physiquement il arborait la quarantaine, quelques petits cheveux grisonnant sur ses tempes. Il était vieux. Extrêmement vieux. Probablement plus que ce que j'avais imaginée.

Water Lily : la floraison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant