Épilogue : Marie

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Le Voyage fut brusque, instantané. Aurore n'avait pas pris le temps de réfléchir : elle s'était déplacée au premier endroit auquel elle avait pensé. La place de la Défense : là où tout devait se terminer. Le spectacle qui s'offrait à elle et à Mickaël était une débauche de désolation et de destruction ; une véritable scène de guerre civile.

La longue avenue sur leur gauche qui menait à l'Arche était bondée, remplie d'assaillants aux auras émeraude et saphir, renversant ce qui barrait leur passage. A leur droite, l'enfer semblait s'être importé sur Terre : partout des incendies faisaient rage, parfois de gigantesques boules de feu embrasaient l'air, provoquant des bouffées de chaleur soudaines.

L'assaut était mené par les Bleus, qui s'efforçaient de maîtriser les feux qui ne cessaient de se déclarer de tous côtés. Sur les restes de l'Arche brûlée, l'homme à l'aura rouge qu'Aurore avait aperçu à la télévision hurlait des ordres sans cesse, incompréhensible dans la cacophonie du chaos ambiant.

Les deux adolescents étaient pris entre deux feux, exactement au point du front ou les ennemis se rencontraient. Les gens se bousculaient, se frappaient, se repoussaient dans la confusion la plus totale. Aurore décida d'attraper la main de Mickaël et de l'entraîner loin d'ici : elle devait rejoindre les Verts, comme Blanche le lui avait demandé. Son don ne l'aidera pas dans cette situation trop complexe.

Ils coururent, firent de leur mieux pour esquiver les projections embrasées des auras flamboyantes. Une fenêtre se brisa quelque part, projetant des éclats brûlants et tranchants sur le bras d'Aurore, mais elle était trop concentrée sur sa fuite pour y penser.

Dans la marée de jade qui traversaient la place petit à petit, elle y reconnut Rob, et celui-ci croisa son regard. Quelque chose n'allait pas : Rob avait perdu sa couleur verte. Elle plissa les yeux, et reconnut des tons pourpre autour de son corps, jurant dans l'océan d'émeraude dans lequel il baignait.

Elle mit quelques secondes à comprendre.

Mais c'était trop tard.

Derrière elle, le building de verre et d'acier s'ébranla dans un séisme surnaturel : il était brisé en deux, une vague d'énergie violette l'ayant tranché d'un coup net. La partie supérieure tombait dans la rue, emportant avec elle plusieurs milliers de tonnes de débris en chute libre.

Sur elle.


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Elle était morte, son corps déchiqueté, c'était impossible autrement !

Et pourtant, elle venait d'ouvrir les yeux, ici, allongée sur un lit d'hôpital, une machine peinant à compter ses battements de cœur affolés.

Était-ce cela, l'après-vie ? Avait-on réussi à la sauver sous les décombres ? Ça n'avait aucun sens. Elle ne ressentait aucune douleur, aucune blessure apparente.

Elle essaya de se lever du lit, mais la froide morsure du métal sur ses poignets la ramena à la réalité : elle était menottée au montant du lit !

Énervée, elle se débattit, mais rien n'y faisait : les anneaux de fer la forçaient à rester allongée.

La porte de la petite pièce simple s'ouvrit, et une femme en blouse blanche y entra. Aurore reconnut immédiatement ce petit visage rond et bouclé de châtain.

"Blanche ?" devina t-elle, avant même que celle-ci ne s'approchât d'elle.

Apparemment déçue, l'intéressée soupira, sortit un calepin et un crayon de sa poche, et nota oralement :

AuraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant