Chapitre 25

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Pour que tout soit vrai, il faut vivre des souffrances, des surprises désagréables...

Wouly et Tapha étaient plus que surpris par cette proposition et aucun d'eux ne savait quoi dire.

-Si vous ne voulez pas aussi, ce n'est pas un problème, on ne vous oblige pas. Intervient Debo en les voyant se regarder, baisser les yeux, relever la tête, les regarder, eux et la petite Bana.

-Nous pouvons vous laisser plus de temps avant de venir le prendre pour plus réfléchir. Dit tonton Sow.

-Ce n'est pas cela le problème, répond enfin Tapha, vous nous avez surpris, à dire vrai, on ne s'y attendait pas. C'est vrai que nous n'avons pas encore d'enfants ma femme et moi. Nous avions perdu tout espoir de voir un petit bout se promener, courir, jouer, faire des bêtises dans notre maison. Aujourd'hui que vous nous offrez cette opportunité, nous ne savons pas quoi dire.

-Vous faites tout pour lui, il ne manque plus qu'il soit votre enfant, nous ne l'avons pas encore déclaré, Moustapha a désormais pour nom de famille, Ndoye.

-Tonton Sow, dit Wouly , la voix chargée d'émotions, merci, vraiment. Je ne sais pas quoi vous dire. Je suis tellement émue que...
Elle n'achève pas sa phrase tant l'émotion est forte pour son cur. Tapha lui prend le bébé des mains et lui frotte le dos. Debo quitte sa place et Wouly se réfugie dans ses bras tout en pleurant. Bana s'accroupie devant elle et lui prend la main.

-Ne pleure pas, tata Wouly. Néné, Maman, dis lui d'arrêter. Demande Bana attristée.

-Corazon, c'est bon, tu fais peur à Bana.

Wouly sèche ses larmes et prend Bana dans ses bras. La petite la serre fort. Quand sa mère lui dit des choses en peulh, elle se relève et sort de la pièce.

Il est dix-sept heures moins quelques minutes, tonton Sow les invite à prier avec eux, ce que Wouly et Tapha ne tente même pas de refuser.
La prière qu'ils ont partagés avec tous les membres de la maison, les douze enfants du vieux qui sont tous des garçons, les parents éloignés qu'on a hébergés a ouvert les yeux à Tapha sur leur foi malgré leur pauvreté, lui qui est si riche l'a délaissé pendant des années pour un caprice alors qu'eux, ils vivent au milieu de l'insécurité, l'inondation, devant la route principale, source de danger pour leurs enfants. D'ailleurs, Debo dit que la jumelle de Bana est morte car elle est sortie de la maison en courant et que le camion l'a aplatie sur la route. C'est pourquoi, elle porte cet amour pour Bana qui est restée sa seule fille. Après et avant elle, elle n'a eu que des garçons. Les petits sont les seuls à avoir été à l'école, les autres ont appris le Coran pour ensuite apprendre soit les métiers de tôlier, menuiserie, mécanique, électricité, d'autres élèvent de la volaille. Ils ne sont pas aisés mais ont la foi dans leur cur et se contente du peu qu'ils ont sans voler, mentir ou agresser.

-Viens m'accompagner quelque part, dit Debo à Wouly une fois qu'ils se sont tous réinstallés dans le salon.

Wouly donne le bébé à Tapha et il lui demande, une fois qu'elle est debout où elle compte partir.

-Yaye Debo m'a demandé de la suivre. J'arrive tout de suite, termine-t-elle en embrassant le front du bébé qui dort.
Wouly sort, suivie de Debo qui a déjà parlé à son mari en peulh.

-Où est-ce qu'on va, Yaye. Demande Wouly.

-Je t'avais promis de t'amener chez mon parent marabout, il s'appelle Almamy mais tout le monde l'appèle Thierno.

-Tu n'as donc pas oublié cette idée, il va sûrement me dire ce que m'ont dit tous les médecins, que je ne pourrai malheureusement jamais être mère.

-Tu sais Wouly, moi j'aime bien t'écouter parler mais si c'est pour me raconter des bêtises et parler comme si tu n'avais pas confiance en notre Dieu, je préfère ne pas t'entendre. Dit Yaye Debo en tirant son bras.

Maux MêlésWhere stories live. Discover now