Névrose

Chapitre 49 - Le cimetière

Trois mois plus tard...

La limousine noire s'arrêta devant le cimetière du Thier-à-Liège. Thibaut avait insisté pour que la tombe se trouve à cet endroit, près de Karin et de Pierre Lodirat. Il avait estimé que là était sa place.

Tout de noir vêtu, Didier sortit du véhicule. Il avait pris soin de commander une gerbe pour décorer la tombe. Lentement, il s'avança dans l'allée principale. Il était comme dans un état second. Toute cette histoire tragique ne cessait de lui revenir en tête. Il en faisait des cauchemars chaque nuit.

Il s'arrêta devant la tombe de Pierre Lodirat et Armande Blanchard, le père de Christine et la mère de Lucie. Il se recueillit quelques instant, en signe de respect.

Puis il continua son chemin pour s'arrêter à nouveau sur la tombe de Viviane Jamboux. Celle-ci avait été enfin enterrée là où tout le monde croyait qu'elle était depuis des années. Elle avait subi une fin affreuse et humiliante. Mais qui aurait pitié d'elle ?

- Tu as tant de mort sur ta conscience ! susurra-t-il.

Il ferma les yeux. Le regard et le chemisier tâché de sang de Juliette lui revint à l'esprit. Trois longs mois s'étaient écoulés depuis cette abominable histoire. Tout avait changé. Les évènements s'étaient bousculés les uns après les autres, laissant place à un présent vide de sens.

Juliette avait tout avoué à la police : sa complicité avec Viviane, le poison caché sous le lit de Lucie et le meurtre. Elle avait également indiqué à la police que le corps de Déborah devait être noyé dans la Seine. Malheureusement, après des jours de recherches intenses, son corps n'avait jamais été retrouvé.

Juliette avait été incarcérée à vie pour ces actes méprisables.

Thibaut et Christine avaient été condamnés à des travaux d'intérêts généraux pour avoir aidé Lucie à s'échapper de l'hôpital parisien. Ils avaient purgés leur peine et à présent étaient à nouveau libre.

Christine était partie vivre à Saint-Tropez. Cette ville avait toujours été attirante à ses yeux. Elle espérait ainsi oublier son triste passé et refaire sa vie pour construire une nouvelle famille avec un homme qui pourrait prendre soin d'elle.

Didier continua d'avancer pour se rapprocher toujours plus de la tombe qu'il était venu garnir de la gerbe qu'il tenait en main.

Lorsqu'il arriva sur place, Thibaut était présent. Les yeux rouges, il essuyait les larmes qui venaient de couler.

- Bonjour ! dit Didier à voix basse.

- Bonjour. Merci d'être venu et d'avoir fait tout ce chemin.

- C'est naturel.

Il posa la gerbe sur la tombe déjà fleurie.

- Déjà trois mois... répliqua Thibaut la voix rauque.

- Le temps passe vite, oui.

Les deux hommes se regardèrent avec émotion. Un goût d'inachevé titillait leurs papilles.

Didier s'avança et embrassa son ami avec force.

- Sois courageux ! Seul le temps atténue la douleur.

- Je sais... Merci. Mais je ne suis pas seul.

- Je sais aussi. Tu as de la chance.

- J'en suis conscient.

- D'ailleurs, où est Lucie ?

- Elle s'est arrêtée sur la tombe de son père. Elle va arriver...

- Je pense que c'est une bonne idée d'avoir fait une tombe à Deborah.

- Oui. Ca aide à supporter la douleur.

Il marqua une pause.

- Le temps va s'écouler et j'espère sincèrement que toi et Lucie pourrez à nouveau être heureux.

- Je l'espère aussi. En tout cas, je vais faire de mon mieux pour la rendre heureuse.

- Soyez prudents.

- On le sera. Merci pour ton amitié.

Didier acquiesça. Il avait à maintes reprises proposé une grosse somme d'argent à Lucie et Thibaut, mais ils avaient toujours refusé. Ils avaient déménagés dans le petit appartement de Thibaut, à Liège. Ils voulaient, eux aussi, reconstruire une nouvelle vie, loin des problèmes et des angoisses.

Oui, tout avait changé. Une nouvelle vie allait se profiler pour tous ceux qui avaient survécu à l'ouragan Viviane et à la tempête Karin. Une nouvelle vie pleine de surprises...