Chapitre 29 - Karin

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- Nous sommes arrivés madame, s'exclama le chauffeur.

Elle ouvrit les yeux. Elle regarda par la fenêtre et remarqua qu'elle n'était pas à la gare. Le bâtiment ressemblait étrangement à l'orphelinat de Bruxelles. Affolée, elle toucha son ventre. C'est avec horreur qu'elle s'aperçut que ses rondeurs avaient disparues et que ses cheveux étaient plus longs. Elle se tâta le visage comme un aveugle qui cherche à reconnaître quelqu'un. Une fois de plus, elle était retournée à son époque. Mais cette fois, elle savait que tout était différent. Elle était consciente qu'il ne s'agissait pas d'un voyage mais de ses souvenirs...

Oui, elle avait probablement dû s'évanouir dans le taxi et maintenant elle revivait ce qu'elle avait oublié du passé.

- Nous sommes arrivés madame ! répéta-t-il

- Oui, merci... dit-elle tremblante.

Après avoir payé la course, elle sortit du taxi.

Elle avait beau se dire que tout ceci n'était plus réel, elle tremblotait comme une feuille fustigée par un vent glacial. Elle regardait le bâtiment imposant sans pouvoir bouger. Elle était paralysée par la peur et décontenancée par tous ces bouleversements. Pourtant, il fallait qu'elle rentre et qu'elle découvre ce qui était arrivé à Charlotte.

Lorsqu'elle arriva à la réception, elle demanda à parler à Karin Denale.

- Madame Denale n'est pas joignable pour le moment. Mais monsieur Turnon va vous accueillir.

- Merci, dit-elle simplement.

Luca arriva quelques minutes plus tard. Le cœur de Lucie battait tellement vite et fort qu'elle avait peur qu'on puisse remarquer sa nervosité extrême. De plus, elle devait jouer son amnésie pour ne pas qu'il se rende compte de la supercherie.

- Bonjour, Lucie ! dit-il muni d'un faux sourire. Je suis étonné de te voir ici...

- Karin Denale m'a invitée. Pourrais-je lui parler ?

- Karin est malade aujourd'hui... mais je vais t'accompagner à ta chambre.

- Merci.

Elle le suivit dans les long couloirs serrés et lugubres de l'orphelinat jusqu'à ce qu'il ouvre la porte de sa chambre.

- Voilà ! dit-il toujours souriant. Tu peux te reposer un peu et dès que Karin ira mieux, elle viendra te chercher. Profite-bien de ton séjour chez nous.

Il referma la porte et s'en alla. La chambre était minuscule, la petite fenêtre illuminait légèrement la pièce plongée dans la pénombre. La poussière n'avait pas été enlevée de dessus les meubles et il n'y avait pas de draps sur le lit. Elle regarda tout autour d'elle, désespérée. Elle ne pouvait pas rester plantée là à attendre qu'il se passe quelque chose. Déterminée, elle sortit de la chambre et entreprit de se rendre au bureau de Karin.

Elle marchait à vive allure craignant à tout moment que Luca ne l'interpelle et lui demande ce qu'elle faisait là. Mais elle était décidée, elle devait avancer. Lorsqu'elle arriva enfin près du bureau, elle se cacha derrière le mur, comme elle avait fait la dernière fois qu'elle était venue. La porte était entrouverte et de là où elle se trouvait elle pouvait voir Karin allongée sur son divan, les yeux fermés. Luca était à deux mètres d'elle, assis sur la chaise du bureau et pianotant sur le clavier de l'ordinateur. Puis, quelques instants plus tard, il ouvrit le tiroir qui se trouvait à sa droite et en sortit une seringue contenant un produit jaunâtre.

Le cœur battant, elle continuait d'observer la scène avec grand intérêt.

Il s'approcha de Karin et lui enfonça la seringue dans le bras tout en lui injectant avec assurance le produit. Une ou deux minutes plus tard, elle ouvrit les yeux.

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