A t t e n t e

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Pacôme n'a pas digéré l'énième fuite de la fille aux marrons.
Le jour suivant, il revient au parc, avec pour seule idée de parler à la fugueuse aux yeux de charbon et aux cheveux d'or. Décidément, cette fille est une pierre précieuse elle-même.

《 - Son nom, rien que son nom, murmure-t-il en fermant fort ses paupières. 》

Ne pas savoir, ne rien savoir d'elle, le torture. Il est totalement obsédé par elle, et par son visage paisible sous la pluie diluvienne, qui lui revient sans cesse en tête. Il se hait mentalement d'accorder tant d'importance à cette inconnue. Qui plus est, une inconnue qui le fuit.

Pacôme ne trouve pas l'inspiration, aujourd'hui. Il est bien trop tourmenté. Il a même oublié quel jour on était.
En un mot, le garçon est obnubilé.
La journée précédente, il était rentré chez lui, trempé jusqu'aux os, et l'âme en peine.
Mais ça, la fille aux marrons ne le saura probablement jamais.

Le beau temps est de nouveau au rendez-vous, et Pacôme fait les cent pas près de son banc. Il n'arrive pas à écrire, sa tête est ankylosée comme un membre engourdi.
Il finit par s'asseoir, mais il n'est pas tranquille.

La fille aux marrons ne semble pas vouloir se montrer. Pacôme ne comprend pas bien pourquoi elle s'enfuit à chaque fois qu'ils se croisent. Fait-il si peur ? Certes, son teint est un peu pâle, mais tout de même pas cadavérique, et loin d'effrayer les foules.

La mort dans l'âme, il passe l'après-midi à tourner en rond, sans jamais croiser l'inconnue.
Le jeune homme nourrit des canards, au-dessus d'un pont ravissant, pont qui lui paraît bien commun.
Les oiseaux aux pattes palmées flottent sur l'eau verdâtre et quémandent de quoi manger aux passants, ignorant tout de la peine du garçon.

Une heure plus tard, Pacôme rentre finalement chez lui, la déception se lisant sur ses traits et dans chacun de ses gestes las.

La Fille aux MarronsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant