Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.

Depuis le début
                                    

Bientôt plusieurs louves présentes s'approchèrent, et je ne fus pas surprisse de voir Devon se dévouer pour être l'un des seuls garçons à oser s'immiscer dans le groupe compact de jeunes femmes redevenues adolescentes pour quelques heures. Je ris au éclats. Je m'aggripai à Devon en trébuchant entre les corps qui, malgré l'espace, s'agglutinaient dans un besoin d'être proche. Tout me semblait tellement loin. Plus d'histoire de déesse, plus d'histoire de guerre, plus de problème. Juste un soir, je respirai à plein poumon un air de liberté et d'insouciance. J'avais l'impression de retomber dans une enfance que j'avais quittée trop tôt. 

Mais on revient toujours à la réalité, systématiquement. Alors que Tamara m'attirait un peu à l'écart du groupe de danseur effréné, dont nous faisions partit, je me stoppai légèrement. Tous le monde riait et même Kenan esquissait un vague sourire. Très vague, mais quand même il était là. Si tous nos soucis n'étaient pas oubliés, nous avions tous décidés de s'accorder une pause, de faire comme si nous étions tous normaux. Tous, sauf une personne très particulière. 

Installé dans son coin, personnes n'osaient l'approcher. Où ne voulait le faire, je ne savais pas réellement. Maël avait les yeux rivés sur un point fixe, un verre à la main semblait être la seule preuve de sa réelle participation à la soirée. Je le contemplai, sans même qu'il ne se rende compte que mon regard était tourné vers lui. Légèrement, je me défis de l'emprise de Tamara et indiquai sobrement que je revenais. Elle ne se fit pas prier malgré que je ne pu que constater son désaccord. Il allait falloir que je mette les choses aux claires avec eux, Maël avait déjà assez souffert. Il avait besoin de soutien, pas de rejet. Je comprenais leurs rancœurs et leurs colères, je savais aussi qu'il le jugeait responsable de mon départ il y a un an, mais ce n'était pas le cas. Cette année avait été nécessaire et le fait d'avoir dû m'y rendre pour une autre raison avait été bénéfique. Jamais je n'aurai eu le courage de dire que je partirai un an alors que je savais que ce serait l'horreur. Je ne l'aurai même probablement pas fait. J'avais pris conscience que j'avais longtemps agit comme une enfant malgré ma prétention à vouloir me définir comme mâture. Mais cette année m'avait apportée tellement de chose que je ne pouvais qu'être reconnaissante envers les Dieux. Ils m'avaient fait vivre un véritable enfer, mais aujourd'hui je pouvais dire que j'étais fière de ce que j'étais devenu. 

Lentement, je me dirigeai vers Maël qui redressa aussitôt son attention sur moi en remarquant enfin mon inquiétude. Il tenta de me sourire mais n'en fut pas réellement capable, se contentent finalement d'émettre une vague grimace qui se voulait un sourire. Je grimaçai franchement pour ma part et il sourit cette fois plus naturellement. Sans se faire prier, il se déplaça pour que je puisse m'installer à côté de lui. Mes yeux se fixèrent sur le large groupe que formait mes amis. Mais malgré le bonheur que je lisais sur le visage de chacun d'entre eux, je ne parvenais pas à totalement m'apaiser. 

- Je suis désolée, soufflai-je.

- Tu n'as pas à t'excuser, affirma-t-il aussitôt en se repliant sur lui-même. Il est normal qu'ils me rejettent. En réalité, c'est plutôt ta réaction qui est incompréhensible. 

- Tu sais très bien que ce n'est pas mon avis, soupirai-je. Tu as fait une erreur, cela ne serre à rien qu'on te torture plus que tu ne le fais déjà toi-même.

- Non seulement j'ai commis une erreur mais je t'ai mise en danger, rétorqua-t-il vaguement. Je n'aurais jamais pardonné a Kenan s'il t'avait mit dans la même situation que je l'ai fait. De plus, ils savent tous pertinemment que je suis devenu, moi aussi, un danger. Qui dit que je ne me laisserai pas ronger par les sentiments qui m'ont poussés à aller en Autre Monde ? Où qui dit que je parviendrai toujours à contrôler ma colère où mes émotions ? Si je me laisse aller, les pouvoirs que m'ont conférés les Fomhoires, éclateront.

Water Lily : la floraison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant