Chapitre 9.

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Je suis sortie de la chambre en claquant la porte. Un sentiment indescriptible a fait surface. Je ne me rends pas encore compte de la révélation qu'elle vient de me faire. Le choc a été tellement grand que je me sens perdue. Comment dois-je me sentir alors que je viens d'apprendre que ma pauvre vie n'a été qu'un mensonge ? Elle vient de réduire mon existence à néon. Je me suis laissée tomber sur le seuil de sa porte. Je l'entend m'appeler, elle crit mon nom. Les larmes me montent aux yeux, elles coulent en silence. Mon cœur est, comment dire, vide. Je ne ressens plus aucune émotion, à part, détruite, vidée, bouleversée.

Comment auriez-vous réagir lorsqu'on vous dit que les photos de votre famille, que vous voyiez posées sur les commodes, ne représente pas votre famille ? Les photos que ma mère me montrait, étaient censé représenter mon père, alors qu'en fait, ce n'était qu'un simple inconnu à ses yeux, elle ne l'a jamais connu. Elle m'a raconté qu'il était mort en partant à la guerre. Il ne reste plus qu'à savoir si ce n'est pas un autre de ses mensonges. Il est bien mort, ça c'est sûr. On se rendait un dimanche par mois sur sa tombe, même qu'à chaque fois que l'on rentrait à la maison, ma grand-mère était inconsolable. Enfin, ma soit disant grand-mère. En revanche, elles ne m'ont jamais parlé de grand-père. Je n'ai jamais vu de photo de lui.

L'air de l'hôpital commence à m'étouffer, je cours vers la sortie. Lorsqu'une bouchée d'air frais me rentre dans les bronches, est pour moi, une sorte de libération, une nouvelle source d'inspiration, de soulagement. L'air d'un nouveau départ. D'une nouvelle vie qui commencera dès maintenant.

Avant que je monte dans ma voiture, je me suis retournée pour regarder la fenêtre de la chambre à ma mère. Elle y est. Mon cœur se serre lorsque je la vois avec un visage triste, honteuse d'elle-même. Pendant un instant j'hésite à faire demie-tour, pour lui donner une chance de tout m'expliquer. Cependant, j'ai besoin de deux ou trois jours pour faire le nettoyage dans ma tête. Je lui ai tout de même montré un petit sourire pour qu'elle ne se décourage pas contre son cancer. Je ne veux pas lui donner une raison pour ne pas lutter. J'aurai toujours besoin d'elle à mes cotés. Sinon qui le fera. 

Je ne veux pas tomber sur Madison qui me demandera pourquoi je suis bouleversée. Elle le remarquera tout de suite. Je me suis donc arrêtée à Washington Square Park. Mon deuxième endroit favori pour réfléchir, après le bain. Il faut que je fasse le point sur tout. Sur moi. Sur ma vie. Je me suis assise sur un bac, devant le soleil couchant, dont des enfants courent de tous les cotés. Un petit groupe de garçon jouent au loup perché. J'aurais tellement envie d'avoir un petit frère, quelqu'un à qui je pourrais prendre soin, quelqu'un qui chérir, quelqu'un avec qui jouer, comme ces petits.

Un petit garçon d'environ six ans est venu à ma rencontre pour me toucher.

- C'est toi le loup, maintenant. Il a un regard noisette.

- C'est à mon tour de vous toucher, c'est ça ? Lui demandai-je avec le sourire.

- Oui, c'est à toi. Mais tu n'arriveras pas à me toucher, dit-il en me tirant la langue.

- Ah c'est ce que l'on va voir. Prépare-toi à te faire manger par un vilain méchant loup.

- Tu ne me fais pas peur.

Je me suis alors mise à lui courir après. Alors, soit il court vachement vite ou bien c'est moi qui manque d'exercice. J'ai tout de même réussi à le rattraper après trois minutes.

- Tu vois que le méchant loup a réussi à te rattraper ! Et maintenant, il va te préparer pour dîner. Qu'est-ce que tu en penses ? Le taquinai-je en le portant dans mes bras.

- Je serai le chasseur qui viendrait tuer le méchant loup. 

- C'est-à-dire que je mangerai le chasseur ?

UNPREDICTABLE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant