Chapitre 20

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AMÉLIE

«Je suis rentrée.» dis-je en soupirant.



«Où étais-tu ?» demande agressivement ma mère en venant à ma rencontre. «J'ai reçu un coup de fil du lycée. Pourquoi es-tu partie ce matin ?»



La tension est palpable, et je tente à tout prix de me calmer du mieux que je peux.



«Zoé avait un gros problème. Nous sommes allées la rejoindre avec Alix.»



«Et tu m'explique pourquoi ?»



«Tu... Tu veux pas qu'on aille s'assoir ?»



Elle croise ses bras sur sa poitrine en me lançant un regard meurtri.



«Bien. Allons-y. Mais tu as intérêt à me raconter quelque chose de valable. On ne sèche pas les cours comme ça.»



Nous nous installons à la cuisine face à face et j'inspire un grand coup avant de commencer.



«Voilà, euh... Ce matin, en arrivant, Zoé n'avait pas l'air bien du tout. Des cernes, le teint pâle, des yeux bouffis... Elle ne voulait rien dire, j'ai donc respecté son choix. Mais quand Alix est arrivée, Zoé s'est énervée sur elle et est partie. Nous l'avons laissée, sachant qu'elle voulait être seule. Mais elle n'est pas venue en classe. À la récré, Alix est venue me voir en panique, elle venait de l'avoir au téléphone. Vendredi, sa maman a fait un accident et est maintenant dans le coma. Et dimanche, son papa a bu et les a maltraité tous les trois. Elle était à l'hôpital ce matin, en larmes, ne sachant pas où aller, ne voulant pas retourner chez elle. C'est là que nous avons été ce matin.»



Elle ne dit rien, garde le regard dans le vide. Je sens bien qu'elle est choquée, d'habitude, elle a toujours quelque chose à répondre.



«Mon dieu... Je suis désolée, je ne savais pas... Et... Comment ça s'est terminé ?»



«Je pensais que j'allais péter un cable, Zoé s'était enfermée dans la salle de bain de la chambre de sa maman en pleurant et Alix à lâché, et pleurait toutes les larmes de son corps, tandis que je la soutenais. C'était affreux... Mais, finalement, après trente minutes, elles se sont calmées et nous avons pu parler posément. Alix les accueille tous les trois chez elle.»



«C'est très gentil de sa part... S'il faut, notre porte est toujours ouverte hein...»



«Oui...»



«Je suis fière de toi, tu as réussi à gérer cette situation.»



Je lui souris faiblement.



«Bon, je vais monter...»



«Oui.»



Je me lève et monte dans ma chambre. Lorsque la porte se referme, je me laisse tomber contre celle-ci en soupirant. Quelle journée ! Je décide d'appeler Anthony pour lui expliquer, le pauvre, il doit rien comprendre. Je me mets sur mon lit et attend qu'il décroche.



«Allô ?»



«Salut, c'est moi.»



«Amélie... Tu vas bien ?»



«Mh...»



«Non, ça va pas. Bien sûr... Tu veux en parler ?»



«Je vais t'expliquer pour aujourd'hui.»



«Oui, c'est vrai que j'ai pas compris grand chose. Je me suis inquiété toute la journée, tu sais.»



«Oui, pardon.»



«Tu n'as pas à t'excuser.»



Je lui raconte ensuite tout. De mon arrivée ce matin jusqu'à l'hôpital. Absolument tout, sans omettre aucun détail. Une fois terminé, il y a un blanc quelques secondes.



«Wow, je... C'est horrible.»



«Je sais.»



«T'inquiète pas. Tout s'est arrangé non ?»



«Non ! Et sa mère ? Et son père ? Rien ne va, je sais pas quoi faire...»



«Tu penses trop aux autres ! Tu te préoccupes plus de ton entourage que de toi même ! Tu ne lâches donc jamais prise ?»



«C'est pas vrai, je ne suis pas comme ça... C'est le rôle d'Alix, ça.»



«Amélie... Je vois bien comment tu es. Je sais qui tu es. Vous êtes pareilles toutes les deux, c'est juste que Alix le montre plus.»



«Oui, tu as peut-être raison.»



«Prends un bain chaud, lis un peu, et déconnecte toi. Prends ta soirée, tu le mérites non ? Après ce que tu as fait aujourd'hui...»



«Oui, je vais faire ça. Merci.»



«Je t'en prie.»



«Et toi, ça va ?»



«Oui, t'en fais pas pour moi. Ma voiture va bien, tu vas bien, donc je vais bien.»



Je ris légèrement.



«Ma mère était prête à m'arracher la tête quand je suis rentrée...»



«Mais tu es toujours là, c'est tout ce qui compte.»



«Ouais, elle s'est directement calmée quand je lui ai raconté. C'est vrai que recevoir un coup de téléphone du lycée disant que sa fille sèche les cours, ça met les nerfs... Surtout que c'est pas du tout dans mes habitudes.»



«Aller, détends toi, c'est bon ! Vide toi la tête.»



«D'accord, je vais faire ça.»



«Parfait !»



«À demain ?»



«À demain. Je t'aime.»



À l'entente de ces mots, mon cœur fait un bond et une sensation bizarre se reprend dans mon ventre, ce qui n'est pas désagréable. Je souris comme une débile, allongée sur mon lit.



«M... Moi aussi. Bye.»



Ensuite, je raccroche super vite et pose le téléphone sur mon cœur. Je me mords la lèvre inférieure tout en gardant mon grand sourire impassible. Je suis tellement heureuse à ce moment, et ça me fait oublier un instant tous mes ennuis. Il a juste trouvé les bons mots pour me calmer, me détendre. Je ne pensais pas qu'un garçon comme ça existe. Avant, pour moi, c'était tous des cons. C'est vrai que mes expériences amoureuses ne sont pas très joyeuses...
Je me relève, prend mon téléphone et mon baffle et m'enferme dans la salle de bain. Je mets de la musique et me fait couler un grand bain, auquel j'ajoute de la mousse. J'y reste bien une heure. Lorsque j'en sors, je suis totalement détendue et purifiée. Mon esprit est serein et je me pose dans mon lit en regardant une série. Il faut bien penser un peu à soi de temps en temps.



                                 ***

Mon BadBoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant