Chapitre 2

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Lorsque le réveil sonne à 6h30 du matin pour me rappeler que je dois aller à la fac aujourd'hui, je soupire longuement. Mon week-end a été épuisant. D'abord à cause de la soirée de vendredi soir qui m'a absolument mise sur les nerfs. Me retrouver dans ce genre d'endroit m'a affecté bien plus que je ne le pensais. L'envie de fumer un joint m'a prise brutalement si bien que j'ai dû appeler Zoé pour qu'elle me rejoigne ici. Elle a toujours été là pour moi, elle m'a vue sous n'importe quel jour, droguée comme sobre. Elle sait ce que j'ai traversé alors elle n'hésite pas à me venir en aide quand j'en ai besoin. C'est elle qui m'a fait réagir, qui m'a fait changer. J'en ai donc profité pour lui raconter cette soirée, ma rencontre avec cette jeune fille blonde et surtout celle avec ce fameux Luke. Sa première réaction ? Rigoler. Elle aime ce genre de type un peu bourru, bad boy qui pensent être au-dessus des autres. Tout en lui racontant ma soirée, j'ai réalisé que la blonde avait gardé mon bracelet. Evidemment, j'ai d'abord pensé à aller le récupérer chez mon nouveau voisin mais cette idée s'est vite évanouie. Cet homme répugnant a clairement spécifié que cette jeune fille n'était rien pour lui, j'en ai donc conclu qu'il n'avait pas dû faire attention à ce bracelet. Je ne le récupérerais probablement jamais et ça me fend le cœur puisque cette petite gourmette était un cadeau de ma grand-mère.

Je me redresse dans mon lit en baillant lourdement. Je suis ici depuis seulement deux jours et j'ai déjà envie de me tirer une balle. J'en veux tellement à mon père de m'avoir légué ses dettes et cet appartement minable. Même Zoé était choquée en découvrant mon nouveau chez  moi. Je ne pourrais jamais tout rembourser en quelques semaines, je vais devoir vivre ici pendant des mois voir des années et cette perspective ne m'enchante pas. Et puis, il y a eu cette deuxième note étrange que j'ai trouvée sur ma porte. J'y ai pensé pas mal de fois ce week-end même si avec Zoé on avait conclu que c'était sûrement une stupide blague d'un des habitants de cet immeuble. Ce ne serait pas si étonnant que ça après tout mais cette histoire me rend légèrement nerveuse. Après avoir fait ma toilette, je déjeune rapidement et me dirige vers ma voiture. Par chance, je n'ai pas croisé le gros macho qui me sert de voisin. Il est presque 8h lorsque nous pénétrons sur le campus avec Zoé. J'étudie la psychologie depuis 1 an maintenant alors que Zoé est en langues étrangères, nous n'avons aucun cours en commun mais savoir qu'elle n'ai pas loin me rassure.

"- Je finis à 11h30, je peux passer devant ton amphi pour venir te chercher à midi ? Proposais-je en souriant. 

- Je mange avec Josh ce midi. 

- Oh, je vois. 

- Ne m'en veux pas Judy, ça fait un bout de temps que je n'ai pas eu un petit moment avec lui. 

- Ne dis pas de bêtises, c'est normal. Je vais rentrer et puis voilà. 

- Si tu sortais un peu, tu pourrais te trouver un mec aussi. Dit-elle en souriant.

- Je n'en ai pas besoin. "

Elle me rabâche la même chose depuis des mois et ça m'agace. Elle sait pourtant que je n'ai pas envie de me prendre la tête avec un gars. Du moins pas pour l'instant. J'adore cette fille mais parfois, je me dis vraiment qu'on est complètement différente. Elle est mon strict opposé. C'est un petit clown qui se fait facilement avoir. Alors que moi, j'ai tendance à me méfier de tout. Elle me dit souvent que je suis chiante mais je lui évite quand même un paquet de problèmes. Nous nous séparons lorsque j'arrive devant mon amphi. Je n'ai pas beaucoup d'amis ici, depuis ma cure de désintoxication, j'ai du mal avec les autres. J'ai du mal à faire confiance, à aller vers les autres. Je suis tombée dans ce cercle oppressant de la drogue en partie à cause de mes fréquentations. Parce que j'étais un peu naïve, un peu dépressive. Parce que j'avais l'impression que rien ne pourrait être pire que ce que je vivais, parce que je me sentais seule, pas aimée et que c'était douloureux. Mais j'ai fini par comprendre que ce n'était pas seulement moi. Que des milliers d'autres ados étaient dans la même situation. Que c'est un truc qu'on traverse lorsqu'on arrive dans cette période de transition qui nous plonge dans le monde des adultes. Pour certains, tout ce passe bien, pour d'autre, c'est plus compliqué. Et je fais partie de ces gens qui peuvent passer du bonheur à la tristesse en un claquement de doigts. Et je serai incapable de l'expliquer. C'est juste comme ça, compliqué et douloureux.

Dépendance.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant