Jamais sang-mêlé

Prologue *

Les vampires ont toujours fait partie de notre monde. Ils se sont divisés au fil des décennies et nous ont considérés exclusivement comme des proies. Leur humanité quasi-inexistante les a conduits à nous réduire en nombre. Au rythme auquel ils nous ont massacrés, notre espèce se serait éteinte, les laissant se nourrir entre eux pour assurer leur propre survie. Mais dans les années 1900, un protocole a été conclu par les deux races ; afin que nous puissions tous vivre en totale harmonie avec les vampires.

Depuis 1900, cette charte est restée inchangée, les humains ont l'obligation deux fois par an de donner leur sang dans des centres de prélèvement, étudiés spécialement afin de subvenir aux besoins quotidiens de nos pires ennemis. Le taux de meurtre ayant considérablement chuté du fait de ce succès, nous avons tous été enclins à donner notre sang sans rechigner. Ils font désormais partie intégrante de notre communauté.

L'amitié a même pu s'instaurer, ainsi que l'amour. Si les trois-quarts des vampires se sont pliés aux règles, le quart restant ne pouvait refouler leur vraie nature... jamais je n'aurais cru devenir un jour la source d'où ils s'abreuveraient. Après le décès de ma grand-mère, j'ai hérité de tous ses biens matériels, au grand désespoir de mon père qui n'a jamais rien réussi dans sa vie, mis à part se droguer et entraîner ma mère dans sa toxicomanie. Elle m'aurait auparavant protégée coûte que coûte sans cette substance qui la détruisait. Ma grand-mère s'est alors occupée de mon éducation, ma mère ne pouvant plus le faire. Un matin, j'ai reçu un appel inquiétant de mon père me disant que quelque chose de grave était arrivé. Je me suis rendue à son domicile précipitamment. Avant que je ne franchisse la porte, un homme aux yeux injectés de sang et à la peau livide m'a sauvagement assommée. Je me suis réveillée dans une minuscule chambre, enfermée comme une prisonnière. Ce même homme m'a dit mot pour mot à mon chevet : « ton père nous a fait cadeau de toi. Il aura un dédommagement bien plus important que ton héritage ». Mon père m'avait vendue. J'appartiens désormais à un club clandestin de vampires où la seule échappatoire est la mort.