Feeling of darkness

Chapitre 16

Une larme coule contre ma joue, tombe sur mes draps désormais maculés de sang. Une voix qui n'est pas la mienne résonne entre les murs.

-Je suis désolée Tomas. Désolée.

Je crie, je hurle à m'en arracher la gorge. Mes mains sont rouges du liquide qui imprègne mon lit. Des voix retentissent tout autour de moi et je ne peux distinguer aucune parole. Pourtant, il n'y a personne, pas même dehors. Je suis seule face à ces cris et aux miens. La terreur traverse mon corps et j'ai l'impression d'être paralysée devant la scène. D'où vient ce sang ? Que se passe t-il ? Mes hurlements se bloquent dans ma gorge car je n'ai plus de voix. Je ne peux désormais que subir ceux qui augmentent dans la pièce.

J'ai envie de courir, de fuir, d'oublier tout ce qu'il m'arrive. Je deviens folle. Complétement folle.

Je ferme les yeux et tente de reprendre ma respiration. Quand mes tremblements commencent à se calmer, je rouvre doucement les yeux, décidée à me convaincre que tout cela n'est pas réel, que c'est seulement un cauchemar comme j'en ai l'habitude. Seulement, quand je rouvre les yeux sur ma chambre, une femme livide, fantomatique, se tient devant moi. Elle flotte, me regardant de ses yeux verts émeraudes, les plus beaux que je n'ai jamais vu. Ils sont tristes, douloureux et froids. Les cris autour se sont calmés et je me retrouve seule face à elle. Quelque chose m'empêche de détourner le regard de cette femme, elle m'effraie et me fascine à la fois. Quand elle ouvre la bouche pour parler, je recul jusqu'à taper ma tête de lit:

-Tu as peur Eléane. Tu va comprendre, tu y es presque. Au fond de toi tu sais ce qu'il se passe. Et quand tu sauras, tu devras choisir qui tu décide de sauver.

Des larmes recommencent à couler sur mes joues et la fatigue se fait ressentir.

- Qui êtes vous ? Vous n'existez pas, c'est impossible. Je comprends rien à votre histoire, je suis pas celle que vous pensez. Je vais sauver personne, je vais juste me réveiller demain matin et tout sera oublié.

Elle me fixe de ses yeux verts, ses cheveux sombres flottant autour d'elle. Je la connais, je l'ai déjà vu mais je ne sais pas où. J'entends une porte claquer au rez-de-chaussé et je sursaute. Ma chambre empeste le sang et je me rends compte qu'il vient d'elle. Le liquide coule de sa poitrine jusque sur le sol.

Des pas pressés se font se font entendre dans les escaliers mais je ne peux toujours pas arrêter de regarder le spectre qui flotte au dessus de mon lit. Son regard se fait nostalgique avant de redevenir dur.

- Tu dois laisser le destin suivre son cours Eléane, c'est ton rôle. Et ne lui dit rien, si tu tiens à la vie.

Et dans un hurlement déchirant, elle disparait avec le sang et toutes les autres voix. Au même instant, Tomas ouvre violemment la porte, paniqué.

- Eléane ? Eléane putain ! C'est quoi ce bordel ? Tu vas bien ?

Mes yeux se détourne vers lui avec une lueur d'appréhension. Et soudainement, en croisant son regard vert comme l'émeraude je comprends enfin. Je ne connaissais pas cette femme. C'était la mère de Tomas.

-Tomas ? Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je d'une voix tremblante.

D'ailleurs, tout mon corps tremble. De peur, de fatigue, d'incompréhension, je ne sais pas. Peut-être les trois en même temps.

- Tu as hurlé au téléphone... Qu'est-ce qu'il s'est passé Eléane ?

Il est rassurant et il essaye de cacher son inquiétude et sa colère mais ses poings serrés jusqu'au sang prouvent le contraire. Il s'approche de mon lit et s'assoit en face de moi. Je le suis toujours du regard, les mains tremblantes, le visage humide de mes larmes.