- Tu...tu peux ressusciter des gens ?, demandai-je fébrilement.

- Oui, je peux ressusciter des gens, principalement des Surnaturels et éventuellement les sangs mêlés... En fait, n'importe qui.

- Est-ce, un de tes pouvoirs ?

- C'est une particularité que possèdent tous les Surnaturels, déclare-t-elle. Cependant, notre capacité est limitée à une seule personne...

-Est-ce que tu as déjà tenté de ressusciter quelqu'un ?, risquai-je.

- Non, car lorsque nous ressuscitons quelqu'un, c'est à partir de notre âme. Autrement dit, pour rendre la vie, nous perdons la nôtre.

Je m'étranglai et la dévisageai, stupéfait. Elle m'adressa un regard empli de tristesse.

- Voilà ce à quoi je suis destinée, me dit-elle, à être pourchassée et à mourir pour ressusciter des monstres.

- Mais, si tu en ressuscites un, ça leur avancerait à quoi ?, m'ecriai-je avec violence. Et puis de toute manière, tu refuserais non ?

- Une âme de Surnaturel peut s'immiscer en toi et te posséder. Et la personne qu'il souhaite que je ressuscite, est un Éternel ; un surnaturel qui peut ressusciter à volonté, et dont le pouvoir et plus puissant qu'un surnaturel normal. Il n'y en a qu'un tout les deux-cents ans.

-Ressusciter à volonté...

Je n'avais jamais entendu une chose pareil, c'était tout simplement incroyable.

- De plus, continua-t-elle avec désespoir, toute personne ressuscitée, acquiert l'immortalité ; la vieillesse lui sera inconnu, de même que la douleur, et les blessures.

- Il ne peut être blessé ?! Voilà qui complique les choses...

- Tout est compliqué Lassa, tout.

Elle se leva, et son regard retrouva sa lueur d'espièglerie, et l'ombre d'un sourire égaya à nouveau son visage.

- Bien, j'espère t'avoir éclairé dans tes réflexions, et je pense que j'ai répondu à la plupart de tes questions, fit-elle.

- La plupart effectivement, ils en restent encore qui n'ont pas été abordée, répliquai-je avec un sourire mystérieux et un air de défi.

- Chaque chose en son temps très cher prince, dit-elle en lissant les plis de sa robe.

- Pourquoi Ania ?, continuai-je quand même.

- Pourquoi ? Tu crois que c'est moi qui suis venue la chercher ? Et bien c'est là que tu te trompes ; pendant un temps, après l'attaque des Surnaturels, on m'a envoyé au palais d'Elexate, et bien elle m'y attendait en quelques sortes. Un soir, où j'étais assises dans ma chambre, la fenêtre ouverte, elle est rentrée par la fenêtre, et m'a suppliée de la prendre à mes ordres. J'ai accepté, et maintenant nous sommes amies, et il n'est pas question de hiérarchie entre nous deux.

- Wellan est son père, m'entendis-je sans savoir pourquoi.

- Je le sais, sourit-elle. Wellan m'en avait parlé il y a bien longtemps.

- Et...tu en as parlé à Ania ?

- Non, ce n'est pas à moi de le faire. Si Wellan souhaite qu'elle soit au courant, c'est lui qui doit le lui dire.

Nous nous tûmes un instant, écoutant la musique et le brouaha provenant du palais.

- Bien, je pense que je vais y aller, soupira-t-elle, certaines personnes vont croire que je me suis enfuie, et c'est pas une bonne chose.

- Pourquoi t'ont-ils élevé au rang de princesse et inséré à la vie politique ?, demandai-je.

- Tu veux vraiment que je me fasse sermonner par Martha c'est ça, se moqua-t-elle. Ils ne m'ont pas élevée au rang de princesse, ils me l'ont rendu ; mes parents étaient le roi et la reine d'Elexate.

À son sourire moqueur, je crus qu'elle plaisantait, mais son regard étant sérieux, j'eus un doute.

- Et bien ? Tu penses vraiment que je plaisante, demanda-t-elle, avec plus de sérieux.

- Hein ? Euh... Tu es vraiment une princesse de sang ?, m'exclamai-je.

- Puisque je te le dis, j'ai été enlevée quand j'avais six ans pour être envoyé direct au complexe d'expérimentation. J'étais la dernière surnaturelle, ils ont donc décidé de ne pas me tuer, et faire en sorte que je serve la science, ajouta-t-elle en faisant la grimace.

- Six ans... Tu n'etais qu'une enfant...

- Ouais, mais ça ne les a pas trop embêtés, pour eux, je n'étais juste une gamine pas commode qu'il fallait triquer et définir comme erreur de la nature.

Elle disait cela en souriant, de manière ironique, mais je voyais bien que cela ravivait de mauvais souvenirs qu'elle avait enfoui depuis bien longtemps.

-Kaliska, commençai-je.

- Et puis y a un an, ils se sont ramenés en me disant qu'ils avaient assassiné mes parents et que si je refusais mon intégration à la société, ils tueraient encore des gens, et chercheraient les personnes à qui je tiens. Bref, j'ai pas eu d'autre choix que d'aller jouer les princesses.

Cette fois, sa voix avait pris une intonation cynique, et je vis bien qu'elle commençait à s'énerver. Elle se mit à trembler, sans doute de rage, et ses yeux s'emplirent de larmes. Elle se retourna brusquement, sans doute honteuse de réagir ainsi.

Elle commença à partir vers un des couloirs du labyrinthe, mais je me levai et la rattrapai. Et, la surprenant, et me surprenant moi-même, je la pris dans mes bras, et la serrai contre moi, afin qu'elle se calme.

Elle n'essaya pas de se libérer, et resta immobile un instant, toujours dans l'incomprehension de ce qui se passait. La dépassant de vingt-cinq bon centimètres, j'appuyai ma joue sur le sommet de sa tête.

- Le passé est le passé Kaliska, murmurai-je. Tu es dans le présent.

- Et le futur est encore plus cruel, répliqua-t-elle réprimant un sanglot.

Elle appuya finalement sa tête sur ma poitrine, et cessa peu à peu de trembler. Je caressai ses cheveux, d'une main, en geste de réconfort ; ils avaient un parfum, santant extrêmement bon, de mûres sauvages, et ils étaient très légés, et doux comme de la soie. Je me rendis alors compte à quel point je tenais à elle. La nouvelle de sa mort m'avait terriblement bouleversé, et de la savoir, à présent, vivante, comblait le vide que j'avais ressenti pendant ces deux dernières années.

SurnaturelleHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin