Les Lions mangerons

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Voici venue la deuxième manche de mon duel,
Combat qui m'emprisonne avec le sourire, empoisonné et continuel.
Je creuserai une tombe pour ma réussite en S ou pour ma sensibilité en L,
Demain de nouveau lycéen, je reprendrai mon stylo comme un fossoyeur empoignerais sa pelle.

J'ai passé mon Noël en tête à tête avec mon bureau, cette sale gueule,
Assis face à mon travail, j'en suis presque venu à parler à mes feuilles.
Pas si réduit qu'ça, je ne suis pas tombé si bas. Car néanmoins,
Je continue d'agir plutôt que de rester témoin.

Je ne dors qu'une demi-journée par nuit,
Et c'est avec ce poème que, j'écris, harassé,
Un parfait début pour ma seconde anthologie,
Et je trouve que c'est franchement bien amené !

En parlant d'anthologie, vous venez de me rappeler,
Cher lecteur anonyme, que pour mon prof de français,
J'en ai une seconde, pour demain, à terminer.

Donc, dans les plus brefs délais,
Je vais m'y remettre ; et je cliquerais
Sur ce putain de fichier Word,
Je réussirai, c'est uniquement l'idéologie de la S que je saborde,
J'honore ce que je dis, et je vous dirai ce que je fais !

C'est ça, le principe. Tout con, tout bête.
Pendant les six semaines à venir,
Je transmettrai ici mon devenir,
Petit à petit, chaque victoire ou défaite.

A chaque petit coup d'inspiration,
Je rendrai compte de l'avancée de mes positions.
Oui, je quitte l'arrière, demain je retourne sur la ligne de front,
Mais ce n'est plus ni dans une arène ni dans les tranchées que se battent les lions.

Ces lions nouvelle génération te croquent, te brisent, te baisent,
Les lions viennent de nos propres rangs, de nos lignes françaises,
Ils sortent de nos bancs, latents dans nos filières générales,
Je vois ma banlieue champêtre se muer en monde animal.

Toute une faune en lutte pour ses propres résultats,
Qui survivra ? Coups de griffes, coups de sang, clefs de bras,
Concurrence crocs à crocs, cornes contre cornes et coups bas.

C'est ça la guerre maintenant, lecteur ! Celle de la pression,
Ces lions sont chaque lame de fond, chaque larme d'abandon,
Tu ne peux que pleurer si tu es incapable de lutter contre l'oppression,
Je survis car je trouve à chaque seconde une nouvelle motivation !

Je suis révolté, la filière S ne forme personne à devenir scientifique,
Elle formate des gens à vomir des cours froids, de manière automatique.
L'éducation n'est pas gratuite, encore moins systématique,
Toutes tes difficultés se trensforme en effort de réparation critique.

C'est un lycée. C'était auparavant un collège.
Y'a même une école privée qui a vu mon cul posé sur leurs sièges,
Entendu mes insultes murmurés face aux profs qui détruisent les élèves fragilisés
Moi, personnellement, j'ai toujours réussi à me faire apprécier des pires enculés ;
Sachez rester authentiques, mais sachez rester masqués.

Le temps de ces vers, j'enlève mon bâillon. Ici,
Le temps de ce poème, en un temps saisi, en un instant compris.
Aux lycéens en difficulté, j'annonce très clairement ceci :
Mes frères : pour survivre, sortez les dents et battez-vous pour votre vie.

Vous connaissez mon nom, du moins je le suppose pour certains,
Pour les autres je m'appelle Thibault Desbordes, banlieusard du Far West parisien,
Le type un peu bourge, un peu lambda, qui fait des siennes avec ses lettres,
Moi quoi, Ces beaux mots ont un vrai sens, peut être.
... Un sens, une norme, et une direction... Marrant. Belle absence de self-Conscience.
Malheureusement, ce sont ces mots qui me sont apparus au mot «sens».
Mots dénués de sens, normalisés et dépourvus de toute direction,
J'ai appris à recracher mes maths, le chapitre IV sur les Vecteurs, bien sagement comme un mouton.


Thibault Desbordes.

LHDVWhere stories live. Discover now