[EN PAUSE] Le Remède Mortel - Emmy

Éveil

Mes poumons me faisaient mal. Je bougeais dans tous les sens. Je suffoquais. J'étouffais presque. Il me fallait un effort horrible pour continuer de respirer. Je ne sentais plus mon corps. Mes bras tambourinaient sur le métal, de la sueur perlaient sur mon front. Minute.. du métal? Et le sable alors? Et le cadavre de Newt?

-Chut Emmy. Ça va aller, dit doucement une voix apaisante.

J'ignorai encore si j'étais sortie d'un cauchemar ou si c'était la réalité. Puis je me souvins des paroles de Newt, à la Terre Brûlée, avant sa mort, ou sa "pseudo-mort". "Tu fais peut-être des rêves prémonitoires, Emmy." C'en était sûrement un.. si c'était un rêve.

Je me décidai d'ouvrir les yeux et d'affronter la personne devant moi. Thomas. Il me sourit. Je savais que c'était un faux sourire. Mais c'était plus par manque d'habitude ou de conviction, que par hypocrisie. Quelle était la dernière fois que j'ai vraiment sourit, parce que j'avais envie? Je me rappelais avoir sourit à Mihno, quand il devait me surveiller au WICKED. Les autres sourires étaient soit forcés, soit juste pour rassurer des gens. J'étais dégoûtée d'avoir sourit pour la dernière fois à Mihno. Soit c'était un rêve, sûrement prémonitoire, soit une réalité. Je n'avais jamais fait de rêves pour... rêver, tout simplement.

-Thomas... dis-je au bout d'un moment, après m'être calmée.

-Ça va aller, répéta-t-il.

"Qu'est-ce qui allait? Rien de va." Je ne dis pourtant rien.

-Respire.

-C'est vrai que des fois j'oublie.

Je pris une grande bouffée d'air. Ça sentait l'hôpital. Qu'est-ce que je faisait sur un lit d'hôpital? Je me souvins. Les blocards et moi avions triomphé de la Terre Brûlée. Jack, l'agent du WICKED, nous avait dit que les choses allaient bientôt changer. Puis il m'avait embarqué. Je l'avais suivie, sans protestation, en pensant que je pourrais lui éviter de tirer sur mes amis. Je me rappelais encore comment Mihno m'avait regardée. Un regard pleins de remords. Mélancolique. Pff. Comme si j'allais lui manquer. J'allais sûrement être dégoûtée de Mihno après ce rêve, ou au pire des cas, cette réalité.

-Que s'est-il passé, Thomas?

J'avais pris un air paniqué qui inquiéta aussi mon ami.

-Ils t'ont emmené, toi, et seulement toi, pour apparement que tu subisse un test spécial. Puis une demi heure après, nous sommes arrivés au quartier général du WICKED. On s'est installés dans des dortoirs collectifs, comme à notre arrivée sur la Terre Brûlée, puis ils sont venus me chercher en disant qu'ils t'avaient paramétrée, et que tout était prêt. Je n'avais pas bien compris, mais ils ne m'ont rien dit. Puis ils m'ont emmené ici et je t'ai retrouvée entrain de... te battre comme un ennemi invisible. Tu avais l'air désespérée. Que s'est-il passé?

-Je... je ne sais pas du tout. J'ai dû rêver.

La porte s'ouvrit. Je reconnus Ava Paige.

-Tu n'as pas bien réussi ton test, Emmy. Je serais obligée de t'en faire subir un autre.

-Quel test?!

-Celui dont tu viens de t'échapper. Tu étais faible, Emmy. Et tu as préféré la fuite au combat. Tu aurais du combattre celui qui t'as fait du mal, tu comprends?

"Tu es faible, Emmy." Faible. Faible...

-C'était vous? Vous aviez fait en sorte de me détruire psychologiquement pour réussir un foutu test? Et que vouliez-vous que je fasse au juste? Je ne pouvais pas combattre... le problème.

-Cela prouve encore plus que tu es faible alors.

-Je ne le suis pas. Vous n'avez pas le droit d'utiliser mes amis pour quelque chose comme ça.

-Ah oui? Depuis quand?

-Depuis que j'existe.

-Depuis que Emmy existe, ou depuis que tu existe?

-Je ne vois pas la différence.

-Et bien moi, oui. Emmy est la petite fille sociable, forte, avec un sale caractère. Toi, tu es une lâche, faible, misérable, qui laisse tes sentiments prendre le dessus, même si tu as toujours ton sale caractère.

-Des gens sont pires que moi.

-Cite-moi une de ces personnes.

-Mihno.

Le nom est sorti tout seule de ma bouche. Comme si c'était évident que Mihno était pire que moi. On eut beau dire que ce n'était que test... je n'avais pas confiance à ce test. En fait, je n'avais surtout pas confiance en ce qui arrivera après. Avec Mihno.

-Qu'est-ce que Thomas fais là?

-On attendait que tu te réveilles pour annuler à Thomas l'Effacement .

-Vous aviez un moyen de lui faire retrouver la mémoire depuis tout ce temps?

-Oui. Mais comme "quelqu'un" l'a manifestement libéré d'un de nos départements, nous n'avions pas pu réparer cette erreur. C'était un débutant qui lui avait injecté la mauvaise seringue. Il a voulu se rattraper mais...

- ...Ça a mal tourné.

-Exact.

Elle poussa un soupir, et je gardai le silence.

-Un agent t'attends à l'extérieur, il t'accompagnera autre part.

-Où ça?

-Autre part. C'est tout ce que tu as à savoir.

J'appréhendais cet "autre part", mais sa petite ride entre les yeux montrant qu'elle était agacée me fis comprendre que je ne devais pas en rajouter et sortir. Un agent m'attendait effectivement.

Je le suivis entre les couloirs, trop nombreux, puis on arriva devant une salle. Il ouvre la porte. Il y avait un grand espace, avec un sol métallisé et des murs blancs. Il n'y avait rien d'autre, à part, au milieu de la salle, une table d'opération, et un masque qui sortait du plafond. Rien d'autre. Vide.

-Fais moi le plaisir de t'allonger dessus.

-Pourquoi je le ferais?

-Tu pourrais éviter la souffrance de certains de tes amis, si tu le faisais.

Je le toisai, mais ne fis rien d'autre. Il me fit finalement signe de m'allonger. Je traversai la salle d'une marche pas vraiment assurée, mais j'obéis quand même aux ordres.

Une fois allongée, je vis le masque s'approcher lentement de moi, et aperçu du coin de l'oeil des tuyaux se planter dans ma peau, au niveau des épaules, de la tête, des hanches et des jambes. Étrangement, je n'avais pas mal. Ça m'avait même presque apaisée. Et je sentis quelque chose s'écouler dans ma peau... quelque chose de chaud. Mais en même temps, de glacial. Oui, cette sensation était on ne peut plus bizarre, mais.. étrangement, elle me faisait du bien au lieu du contraire.

Au bout de quelques minutes, je perdis conaissance. Un douleur atroce m'avait emparée. Et en me réveillant, je n'était plus au même endroit. Et je vis qu'on me torturait.