Chapitre 2 : Entre rêve et réalité

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Arrivée en bas, elle se rapprocha d'un corps inerte. C'était celui de mon meilleur ami, Jacy. Elle se pencha vers lui et lui saisit sa nuque. Elle ouvrit sa bouche, révélant ainsi deux canines aiguisées. Au moment où elle s'apprêtait à le mordre, je fermai subitement les yeux pour m'épargner la scène.

J'entrouvris les paupières. Ma vue était trouble, je pouvais à peine distinguer les formes. Petit à petit, ma vision s'éclaircit.

Au-dessus de moi, était encastré dans le plafond blanc, un grand lustre comme celui que l'on trouvait dans les salles de cours. Penché au-dessus de mon chevet, un homme vêtu d'une blouse blanche m'observait. C'était un homme de taille moyenne, baraqué, ses cheveux courts d'un noir intense encadraient son visage carré, de longs sourcils très fins accentuaient son regard bleu océan et des dents blanches. Il était d'une beauté troublante, presque effrayante.

Je voulus me relever, mais en vain. Alors que je me débattais, je sentis les sangles qui me retenaient.

— Non, ça ne va pas encore recommencer ! pensais-je à haute voix.

L'angoisse m'envahit. Ma gorge se resserra. J'avais les larmes aux yeux.

— Pourquoi suis-je attachée ? m'emportai-je violemment.

— C'est pour votre bien, mademoiselle Andrews ! Une fois de trop, vos simagrées vous ont emportée. C'est pour cette raison que l'on vous a enchaînée, m'expliqua-t-il.

Quelle bêtise avais-je commise pour mériter une telle punition ? Qui était-il ? Que me voulait-il exactement ?

— Quelle bêtise ai-je faite ? Combien de temps vais-je rester clouée ici ? questionnai-je hargneusement.

J'étais paniquée et impatiente.

— Jusqu'à ce que vous compreniez que vos soi-disant amis imaginaires, Jacy Hoopeur et Judith Castle, n'existent pas ! me répliqua-t-il, exaspéré.

J'étais sous le choc.

— Que venez-vous de dire ? Je viens de voir mon meilleur ami mourir sous mes yeux et vous me dites que c'est le fruit de mon imagination ? hurlai-je.

J'étais hors de moi. Je n'avais qu'une envie, c'était de fuir cet endroit.

Je m'agitai dans tous les sens pour tenter de me délivrer. Mais rien. Pas même un petit clic. J'étais désespérée.

— Oui, mademoiselle Andrews, c'est bien votre imagination qui vous joue des tours. N'ayez crainte, le docteur Adams et le docteur Hoareau vont venir vous examiner, annonça-t-il calmement.

— Monsieur Adams ? John Adams ? interrogeai-je, estomaquée.

— Oui, il est votre médecin attitré. Vous ne vous en souvenez pas ?

— Non... Je me souviens très bien qu'il n'est pas médecin, mais professeur de

sport au Lycée des Accacias de l'Éternité. Monsieur Hoareau est mon proviseur ! Je ne suis pas folle, croyez-moi, monsieur ! Mes amis existent bel et bien ! Et, ces deux praticiens enseignent dans l'établissement scolaire où je fais mes études ! expliquai-je en toute sincérité.

— C'est la goutte qui fait déborder le vase, mademoiselle Andrews ! Si vous continuez, je vais appeler la sécurité ! cria-t-il.

Il fronçait ses sourcils et son visage se déformait petit à petit.

— Que vous arrive-t-il docteur Darius ? lui demanda un autre homme en pénétrant dans la pièce.

Cette voix glaciale m'était familière. Je tournai vivement la tête dans la direction des nouveaux arrivants. Je reconnaissais l'allure magistrale de mon proviseur. Il était en compagnie du prétentieux John Adams. C'était la première fois que je les voyais tous les deux vêtus d'une blouse blanche.

— Mademoiselle Andrews fait encore des siennes !

— Je vois ça ! Depuis seize ans, je suis cette jeune fille et aucun progrès à ce jour. Elle continue sans cesse ses crises de folies, confia amèrement mon professeur au directeur de mon lycée.

— Non, je vais très bien, proviseur Hoareau ! répliquai-je sèchement.

Je sentis mon timbre irrité. Au fond de moi, j'étais terrorisée par mes tortionnaires. Néanmoins, je dissimulais mes peurs pour laisser libre cours à ma colère.

— Un tranquillisant devrait calmer pendant quelques heures cette demoiselle bien agitée. Au moment où elle sera endormie, nous pourrons effectuer nos examens, informa mon principal à ses congénères.

Je vis le directeur sortir une seringue de la poche avant de sa veste, ainsi qu'un petit flacon. Il perça violemment le récipient pour aspirer le liquide translucide. Une fois la pompe remplie, le docteur Hoareau s'approcha de moi. Il me scrutait de ses yeux gris qui exprimaient de l'aversion, de la perversité et de la méchanceté. Puis celui-ci m'empoigna férocement l'avant-bras pour faire ressortir mes veines.

— Cette petite injection calmera vos divagations. Après une journée en quarantaine, vous vous sentirez déjà beaucoup mieux ! m'annonça-t-il glacialement.

Sur ces mots, ma colère qui avait envenimé au fur et à mesure explosa.

— Attendez, je ne suis pas folle ! J'habite dans les hauts de Saint-Leu, je suis étudiante au Lycée des Acacias de l'Éternité, vous et le docteur Adams travaillez dans cet établissement scolaire, il est impossible que je sois hospitalisée ici, depuis seize ans ! J'ai deux meilleurs amis que je considère comme un frère et une sœur, dont un qui vient de perdre la vie, et vous dites que je suis insensée ! C'est vous tous qui êtes cinglés ! À moins que je sois entrain de rêver ? supposai-je.

Le docteur Hoareau m'injecta le produit. Je sombrais petit à petit. Soudain, le trou noir. Tout avait disparu autour de moi.

J'entendais une voix qui m'appelait. Je reconnus le timbre doux et mélodieux de ma meilleure amie. Promptement, j'ouvris les yeux. Penchés au-dessus de mon chevet, Judith Castle et Jacy Hoopeur me regardaient d'un air soulagé.

— Où suis-je ? demandais-je légèrement déboussolée.

— Juliette, tu n'as rien ! s'écria ma camarade en me prenant dans ses bras, les yeux emplis de larmes.

— Laisse-la respirer, Judie ! réprimanda mon meilleur ami d'un ton inquiet.

— Excuse-moi, tout à l'heure, j'ai eu si peur de te perdre ! m'avoua-t-elle d'une voix à la fois triste et soulagée.

— Tu es à l'infirmerie. Tu nous as fichu une sacrée frousse, ma belle, me dit Jacy pour m'apaiser.

— Ne vous inquiétez pas, je vais beaucoup mieux. Et... tout ira bien, maintenant. Enfin, je crois...

À dire vrai, je n'étais pas certaine, car mes cauchemars me perturbaient. Mais j'étais heureuse de voir que mon meilleur ami vivant et ma camarade existaient réellement. Toujours terrorisé par ces affreux personnages qui hantaient mes rêves, ce que j'avais vécu quelques minutes auparavant était simplement une illusion. Oui, une illusion !

Wolfnight - Tome 1 : L'élue d'Algatia (sous contrat d'édition chez écho édition)Where stories live. Discover now