Chapitre 6 : Reste

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Jour inconnu

École Secondaire de Meads Cliff

Heure inconnue

Un éclat brillant lui rappela le malaise du réveil.

Tout, autour de lui, n’était que lumière.

Après un temps, ses yeux s’habituèrent et le flou lumineux devint progressivement des formes plus complexes qui se détaillèrent en meubles divers.

Il découvrit qu’il était dans le local de chimie.

Son mal de bloc avait disparu.

Il avait laissé place à l’étourdissement d’un sommeil trop prolongé.

Il s’étira et, entre deux mouvements, remarqua une petite tête appuyée contre la table, assoupie.

Il s’amusa à passer ses doigts entre les bouclettes rousses en espérant que le royaume des rêves allait la lui redonner, mais elle en resta prisonnière.

Seul le son de sa respiration résonnait, jouant comme une berceuse apaisante à ses oreilles.

Il demeura là, un instant, à jouer avec ses cheveux, heureux, tout simplement.

Il repensa à ce qu’elle lui avait dit. Il sourit. Partir loin d’ici, loin de ce calvaire. Vivre près de l’océan, se réveiller le matin en entendant la mer qui nous chante le bonjour. Il aimait rêver à cette idée d’une vie parfaite.

Une vie avec toi.

Une image lui traversa l’esprit. Eux deux, main dans la main, leurs pieds bordés par le ressac. Au loin, sur le rivage, il y a une perle; une perle qui abrite un trésor. Trésor que tu sais qu’elle désire absolument. Il s’imagina le son de l’eau, coulant d’une cascade majestueuse jusqu’à un bassin où vous iriez vous baigner.

Une eau qui vous ferait grandir.

Après un temps, elle fit un premier mouvement, s’étira. Ses cheveux hirsutes retombaient contre ses joues et venaient cacher ses traits, lui donnant cet air mystérieux.

Une sorte de rage bouillit à cet instant en lui. Un désir immense; incontrôlable. L’appétit de l’amour qui hurlait d’être libéré, d’être relâché, car elle sommeillait depuis trop longtemps comme une bête en cage.

Il ne pouvait plus passer une seule seconde sans elle. Comment pouvait-il continuer, sans l’image de ces taches de rousseur, ce sourire, ces yeux verts qui, quand ils se déposaient sur toi, balayaient d’un regard misère et douleur?

Il ne voulait plus vivre sans le contact de sa peau contre la sienne.

Il s’approcha. Lentement, tendrement.

Il tassa une mèche du revers d’un doigt. Il l’entendit murmurer quelque chose. Cela avait sonné comme un ronronnement. Il sourit. Un sourire identique à celui que l’on fait lorsque l’on sait que l’on va gagner un prix ou recevoir un cadeau. Fier, honnête et content. Un sourire vrai teinté de rien de moins qu’un vague sentiment d’impatience face à cet instant avant de brandir bien haut le signe de notre gloire.

Ses lèvres touchèrent les siennes.

Plus rien ne méritait d’exister outre que ça, cette unique pensée, ce simple fait, il échangeait enfin un baiser avec elle.

Une réaction de sa part. Nouvelle friction. Ça évolua en une danse lascive entre leur bouche qui faisait un pas à gauche, puis à droite, se levait, se surélevait.

...Where stories live. Discover now