Chapitre 5 : Un Monde - 100 traîtres

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Le soleil et ses chauds rayons avaient laissé place au froid d’une nuit noire et pleine de nuages. Ils avaient recouvert le ciel et assombri Mead’s Cliff en à peine quelques heures.

La ville n’était plus elle-même. Les allées, les entrées, les trottoirs et les avenues n’étaient plus les mêmes. Tout était si… différent. Il n’y avait pas d’autre mot. Différent. Tout simplement.

Cette ancienne localité avait sombré dans les abysses de ses propres entrailles. Elle avait été corrompue. L’ordre avait disparu.Elle avait rendu l’âme quand l’éclat du meurtre avait ravagé ses rues. Et maintenant, tout ce qui restait devrait lutter pour son existence.

Les boutiques, les maisons; tout Mead’s Cliff n’était qu’hécatombes. Les divers commerces n’étaient plus que débris. Vitres cassées et écriteaux arrachés avaient fait de cet endroit une place saccagée. Les magasins s’étaient fait dévaliser maintes et maintes fois. Les foyers avaient souffert du même sort. Les voitures qui jonchaient le bitume n’étaient que des cadavres de fer carbonisés laissés là, brûlant au rythme des flammes provenant du cœur de leur carcasse.

Désormais, la seule viande qui subsistait rôdait toujours et ces monstres les pourchassaient inlassablement. La chasse éternelle.

Et au-delà de tout ça, les rues vides attendaient ses enfants. Anticipant celui qui la rejoindrait comme un cercueil espère son propriétaire; ne sachant jamais qui allait terminer en lui; qui arriverait le premier. Elles patientaient, attendant que, un à un, ils soient forcés à sortir et viennent eux-mêmes se mettre en terre en cette ville maintenant maudite.

Holy Road, pour sa part, n’était plus un chemin saint. Les croyants ne fréquentaient plus son église, unique jalon de ces ruines. Plus personne ne croyait en rien. Quel dieu serait assez cruel pour créer une telle abomination?

Pourtant, plusieurs foulaient son sol en ce moment même. Ils le faisaient furtivement, discrètement. Ils rampaient, se cachaient dans l’ombre, fuyaient le peu de lumière qui restait.

Seuls leurs yeux permettaient d’entrevoir une trace de leur présence. Un petit éclat, rien de plus, comme une relique d’humanité; cette chose qui s’était évanouie de leur âme, mais qui brillait comme un lointain souvenir.

Patients, ils guettaient chaque mouvement, attendant. Ils frapperaient dès qu’il mettrait le pied sur LEUR territoire.

Mais, pour l’heure, il n’y avait personne. Que ce corps inanimé en plein milieu de la rue.

Aucun d’entre eux n’avait osé y toucher.

Même malgré le fait qu’ils auraient pu en faire leur amuse-gueule, ils avaient décidé de le laisser en paix. Ils préféraient même s’en écarter.

Ils ne pouvaient imaginer – pas même concevoir – le sentiment qu’il ressentirait au moment de son réveil. Cette part d’intelligence – d’humanité – leur manquait. L’appât était tendu. C’était tout ce qui comptait.

Alors ils attendaient.

Mais ils n’avaient aucune idée que cet événement aurait lieu bien plus tôt que prévu. Plus tôt même que "Lui" l’avait prévu.

Il voulait seulement que quelqu’un sorte pour lui.

Comme ça ils auraient de quoi le nourrir…

Tu es dans le noir. Dans le noir le plus total.

Il y a absence de toute lumière, de tout espoir. La seule pensée qui hante ton esprit est celle de l’obscurité. Il fait si sombre que tu n’y distingues pas même ton corps. Tu n’es qu’un fantôme. Tu n’existes plus.

...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant