Chapitre 8 : Quêtes de réponses

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Jour 9

Quelque part dans les égouts

Heure inconnue

Pourquoi? Pourquoi une attraction envers une chose aussi futile? Pourquoi lui? Pourquoi devait-il le regarder quand ce n'était pas à lui de le faire? Pourquoi devait-il venir le voir dormir ainsi, l'observer ne rien faire, alors qu'il pourrait être dehors, à chasser? Est-ce que c'était ça, le sentiment magique que les humains recherchaient tant, le sentiment d'amour et de compassion? Si c'était le cas; pourquoi lui?

Pourquoi devait-il se détourner du Plan?

Il se retourna et scruta les lieux autour de lui. Il savait qu'on le surveillait, il sentait les regards malgré l'absence de présence.

Il sentait qu'on le jugeait.

Allaient-ils croire à quelque chose en s'apercevant qu'il passait autant de temps ici? Il espérait que non. Mais encore... Il connaissait le prix de l'échec. Il ne pouvait se détourner du Plan sans risquer la mort.

Il regarda le corps qu'il avait lui-même traîné jusque là et se demanda si toute cette machination en valait vraiment la peine. Quand il entendit des bruits de pas dans le corridor, il sortit et se dirigea dans les couloirs étroits de la base. Quelque chose clochait. Il devait trouver quoi.

...

Le silence semblait rendre l'obscurité plus opaque. Il fit un premier étirement et il y eut ce craquement douloureux. Ses muscles étaient crispés comme s'ils étaient restés dans une position inconfortable trop longtemps. Ça devait probablement être le cas, se dit-il en plaquant sa main sur le sol rocailleux. Seulement à l'odeur, Marc devina qu'il était toujours dans les égouts. Où précisément? Ça, par contre, c'était une autre question...

Il s'aventura dans sa nouvelle demeure et un bâillement au loin suivi du froissement de vêtements lui fit comprendre qu'il n'était pas seul. Il s'appuya sur le barreaudage et regarda devant lui. Une trentaine de corps, petits et grands, s'avancèrent. L'expression sur leur visage était celle de la défaite et de la misère. Plusieurs mots s'échangèrent tandis que tout un chacun se tournait vers lui. Un à un, ils se dressèrent face à lui, leurs longs doigts maigres venant entourer les barreaux de leurs cellules. Il les reconnut tous, un par un, et fut accablé de tristesse quand il vit plein d'anciens amis être déchirés par la faim. Des jeunes comme lui ainsi que quelques plus jeunes encore – de simples enfants – qui, jusqu'alors, il s'était toujours demandé où ils avaient disparu – le dévisagèrent avec cette part d'inhumanité dans les yeux, cette perte d'innocence et de vie. Ils étaient sales, affamés et ternes.

Plusieurs s'étirèrent le cou afin de mieux l'examiner et des murmures s'élevèrent tandis que dans la cage à l'autre bout de la pièce, quelqu'un se leva d'un bond et s'accrocha au grillage et hurla comme un fou.

Marc reconnut Kurt, le bassiste de son groupe. Il criait tant il était content de le voir. Ils sourirent et se surprirent à pleurer. Marc était sûr qu'il était disparu la première nuit, il ne l'avait pas revu depuis.

Attiré par le bruit, un mutant poussa la porte et lâcha un cri qui fit taire tout le monde. Elle s'approcha de Kurt et le frappa dans le ventre. La bête, tandis qu'elle se retournait pour sortir, remarqua Marc. Elle le regarda, presque amusée. Puis elle partit. Quelque chose clochait. Quelque chose allait arriver bientôt. Il le savait.

...Where stories live. Discover now