The Breach (Sous contrat d'édition)

Prologue

Ils ne pourront pas me retrouver dans la nuit. Les bottes résonnent sinistrement contre le métal des escaliers. Leur course est assourdissante, comme une promesse de mort. Elles déchirent le silence qui régnait, se mêlant aux ordres criés à la volée.

Je me précipite sur la porte blindée, et la pousse de tout mon poids. L'air froid me pénètre toute entière. Mon souffle saccadé forme un petit nuage de vapeur sous la lumière pâle de Freyja. J'accélère. Les branches lacèrent mes bras et mon visage. Mes pas frénétiques s'entravent dans les épaisses racines, je dérape, glisse, mais me relève toujours.

Je dois dégager d'ici.

Ils se sont lancés à ma poursuite. J'entends le moteur de leurs véhicules rugir derrière moi, des faisceaux lumineux transpercent les bois.

-RETROUVEZ MOI CETTE GARCE!

Je cours de toutes mes forces. Je ne vois rien à part le sentier chaotique devant moi, je n'entends plus que mon souffle court. Mes poumons sont en feu.

Cours. Cours tant que tu le peux. Ne t'arrête surtout pas.

Je sais très bien ce qu'ils me feront, s'ils m'attrapent. Ils me tueront. Que ce soit maintenant, à l'aube ou dans vingt ans, ils finiront par me tuer. Je ne veux pas mourir ! Je cours à m'en arracher les poumons parce que je veux le revoir. Plus que tout. Il est tout ce que j'ai. Je ne veux pas mourir sans avoir pu lui dire combien je l'aime. Je ne veux pas emporter ces moments dans un dernier souffle. Je veux m'en souvenir pour l'éternité. Je veux les vivre encore et encore. Je veux vivre !

Ils sont juste derrière moi. Je peux sentir les vibrations des moteurs et entendre les armes qu'ils chargent. Ils ne m'ont pas encore repérée. J'ai encore une chance de leur échapper.

Une détonation retentit. Un éclat de bois déchire mon épaule. Ils ont ouvert le feu. La chasse a commencé. Les raies lumineuses continuent de fouiller les bois, à la recherche de la proie à abattre.

Deuxième coup de feu. Les coups fusent et l'air vibre tout autour de moi, percé par les balles qu'ils tirent à l'aveugle.

Je continue de courir à travers ce champ de mort. J'entends les impacts des balles contre les troncs, le monde se déchire sous leurs tirs incessants.

Je peine de plus en plus à trouver de l'air, et la douleur commence à se répandre dans toute ma poitrine.

Non!

Je n'arrive plus à coordonner mes mouvements, je trébuche et me retrouve étalée dans la boue.

Relève toi!

Le bruits des roues qui écrasent les branches et arrachent tout sur leur passage sont de plus en plus lointains.

Ils rebroussent chemin?

Je n'arrive plus à me repérer. Qu'est ce que je fais par-terre? Je me relève et continue de courir. Le sol chavire et les arbres tanguent. Un déchirement traverse mon crâne. Je n'arrive plus à courir, je dois marcher. Je ramperai s'il le fallait.

Je ne veux pas mourir ici. Non. Je veux le revoir. Rien qu'une fois. Laissez moi partir.

Tout devient flou, ralenti. Mon crâne me lance violemment. Chaque pas est une torture. Tout d'un coup, la cime des arbres et le sol se renversent. Mes pieds ne me portent plus, mes jambes cèdent et le monde se noie dans le noir.