Nouveau rêve

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La nuit arriva plus vite que Jean Dupond ne le pensait et bientôt il se retrouva à rêver de nouveau.

*

L'image était lointaine, obscure, flou. Dans un magasin impossible à identifier, un homme s'ennuyait derrière le comptoir tandis que quelqu'un vagabondait entre les rayons. Il n'y avait rien d'anormal à cela, cela arrivait tous les jours. L'homme derrière le comptoir se tordait dans tous les sens avec impatience, attendant que l'autre homme parte pour qu'il puisse fermer boutique. Surement une fin de journée.

Soudain, un nouveau personnage entra et se dirigea en vitesse vers le vendeur. Son visage, l'unique élément net dans ce décor, exprimait la colère, la haine, la rage, faisant frissonner les deux autres hommes. Il sortit une arme blanche de son pantalon et la dirigea vers le boutiquier pour le menacer. Aucun son ne sortait de sa bouche mais ses grands gestes saccadés indiquaient qu'il menaçait le vendeur.

L'autre homme sortit des rayons et s'arrêta face à la scène. Son visage était vide, il n'avait pas de figure, pas d'âme, rien que ne puisse penser qu'il agisse. Il restait immobile à fixer le spectacle, le laissant continuer comme s'il vagabondait toujours entre les rayons sans savoir rien de ce qui se passait.

Le maître-chanteur attrapa les billets que lui tendait le vendeur et fit mine de ranger son couteau mais quand il fut assez proche du vendeur il lui planta la lame dans la tête. Un murmure se fit entendre, bas et lent, doucereux :

« Tu as vu mon visage... »

Le meurtrier releva la tête, heureux, et se tourna vers l'autre homme. Il sembla surpris en le voyant approcher, poing en l'air, sur le point de le frapper. Le braqueur fut plus rapide et l'arme blanche se retrouva dans la gorge de l'homme qui s'effondra bientôt, agonisant.

Le meurtrier disparu et le visage de l'homme à terre devint finalement visible.

Et Jean Dupond de mourir à son tour.

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