Chapitre 3 : Premières Impressions (1)

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La détresse décomposa le visage d'Aleksandra, ses beaux yeux bleus s'embuèrent et le cœur de Sam se recroquevilla dans sa poitrine.

- S'il te plait... Laisse-moi partir... Ne...Ne me fais pas de mal...

Putain...

Les mâchoires de Sam se crispèrent presque malgré lui.

Ces paroles qui s'imprimaient en lui, ce ton implorant... Elle en avait même oublié le vouvoiement.

Elle suppliait pour sa vie. Elle le suppliait.

Sam eut juste envie de la prendre dans ses bras et de lui murmurer des paroles apaisantes. Il imaginait déjà le souffle d'Aleksandra dans son cou tandis qu'il la serrerait contre lui, la saveur douce et fruitée de sa peau, le chatouillement des petits cheveux de sa nuque contre son nez, ses seins fermes pressés contre son torse...

Arrête-ça !

Elle était là, tremblante et terrorisée à quelques centimètres, et lui il ne pensait qu'à...

- S'il te plait..., reprit-elle en tirant doucement sur la menotte qui enserrait son poignet droit, le geste se répercutant jusque dans la main gauche de Sam sur laquelle il avait refermé la deuxième menotte.

Les larmes voilées et le désespoir bien réel que Sam entendit dans sa voix lui fit l'effet d'une douche froide.

Et les éclats de voix masculines qu'il perçut, provenant de l'intérieur du marché, finirent de lui remettre les idées en place.

Il n'avait pas le temps. Ni de la réconforter, ni de lui expliquer qu'il faisait tout ça pour la protéger.

De sa main libre, il saisit le menton de la jeune femme, tentant de faire abstraction du sursaut de peur qui la traversa à l'instant où ses doigts rencontrèrent sa peau.

Durant une seconde, une pensée désagréable le traversa.

Quelque chose n'allait pas...

La réaction d'Aleksandra. Elle était presque... caricaturale. Comme si tout cela sonnait faux.

Mais dès que ses yeux se rivèrent à ceux d'Aleksandra, cette impression fugitive disparut aussitôt, pour laisser place au désir irrépressible de la protéger, de la mettre à l'abri de tous ceux qui lui voulaient du mal.

- Aleksandra, dit-il d'une voix ferme, les yeux plantés dans les siens, je n'ai pas le temps de t'expliquer. Mais je te jure que je ne te veux pas de mal. Pour le moment, tu vas devoir me croire sur parole. Il faut qu'on file d'ici. Et tu n'as pas d'autre choix que de me suivre, termina-t-il en brandissant sous son nez leurs deux mains liées.

Aleksandra ne répondit rien. Elle cilla légèrement, comme pour chasser les pleurs de ses yeux. Mais aucune larme ne roula le long de ses joues.

Sans attendre sa réaction, Sam saisit la main menottée d'Aleksandra dans la sienne et s'engouffra au pas de courses dans l'une des ruelles bordant la place du marché, entrainant la jeune femme à sa suite.

Il savait exactement où il allait.

Il n'était plus question de remettre les pieds à l'hôtel après ce qu'il venait de se passer. C'est le premier endroit où la police irait le dénicher.

Mais ce que la police ne savait pas, c'est que l'hôtel n'était qu'une façade. Dans sa chambre, les policiers ne trouveraient que la panoplie parfaite du touriste esseulé : papiers (faux, bien sûr), vêtements, tablette tactile et appareil photo, et un peu d'argent liquide.

Mais ils n'y trouveraient ni ses armes, ni ses téléphones satellites, ni son ordinateur portable dernier cri. Tout ça était ailleurs.

Son plan B.

L'Organisation - Révoltée (Contrat d'édition HACHETTE BMR) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant