bipolar love

15

- Il est là?!
Léo venait d'entrer dans mon appartement, me projetant au sol. Il hurlait littéralement. Il émanait de lui une telle rage qu'il aurait pu détruire le monde d'un seul regard.
- Sach', c'est quoi ce bordel ?
Léo se tourna alors vers ma chambre et commença à avancer. Je me relevais tant bien que mal, et me jetais sur lui, espérant pouvoir le retenir et lui faire entendre raison.
- Léo arrête ! Calme toi je t'en supplie !
Je ne voulais surtout pas qu'il atteigne la chambre, je savais de quoi il était capable lorsqu'il était énervé, mon passage à l'hôpital en était la preuve.
Léo s'arrêta net, à deux pas de la porte de ma chambre. Je le lâchais et il se retourna vers moi. Même en le connaissant comme je le connaissais, et en l'aimant comme je l'aimais, à cet instant, il m'effrayait. Je n'avais jamais vu autant de haine dans les yeux de quelqu'un.
- C'est qui lui ?
Il avait prononcé ces mots avec un calme déconcertant. Je reculais d'un pas.
- C'est Simon.
Je sentais la colère prendre le pas sur la peur. Qui était il pour me demander des explications alors que c'était lui qui était parti sans aucune raison ?
C'est ce moment que Simon avait choisi pour sortir.
- Sacha ? C'est qui lui ?
Je jetais un œil à Léo pour jauger sa réaction avant de répondre. Toujours l'air haineux sur le visage, mais il n'avait pas bougé.
- C'est Léo.
- Ah, le fameux Léo.
Il se tourne vers Léo.
- Tu as du cran de revenir ici après ce que tu lui as fait.
Oh non. Je me plaçais entre Léo et Simon.
- Simon, rentre chez toi je t'appelle plus tard.
- Non, je ne te laisse pas seule avec lui. C'est hors de question.
- Simon..
- J'ai dit non.
Je le suppliais du regard mais il ne changea pas d'avis. Je ne savais pas quoi faire. Je devais avoir une explication avec Léo, mais je ne voulais pas blesser Simon. Évidemment, les sentiments que j'avais pour Léo étaient toujours la, mais j'appréciais énormément Simon et je n'avais aucune envie qu'il écoute cette conversation.
- Très bien, attend moi ici alors. Léo, viens je t'offre un café.
Les deux hommes me fixaient, et je savais que je n'allais pas réussir à éviter ce moment.
- Non.
Ils avaient répondu à l'unisson, d'un ton qui ne permettait aucune réponse.
J'allais m'asseoir sur le canapé, la tête entre les mains.
Soudain Léo s'agitât, comme sorti d'un brouillard, et se tourna vers moi.
- Tu comptes m'expliquer j'espère ?
C'était la goutte de trop.
- Pardon ?! Ne me parles pas d'explications, je pense pas que t'ai de leçons à donner sur le sujet !
La colère montait en moi et je n'arrivais pas à la contenir. C'était trop pour moi.
- C'est qui lui ?
Sa voix était rauque, je sentait sa colère augmenter en même temps que la mienne.
- C'était qui la fille qui t'a parlé quand on était au téléphone ? Et pourquoi tu veux savoir qui je fréquente alors que tu as dit toi même que c'était fini entre nous ?!
Son regard sembla vaciller un instant, mais la colère repris le dessus.
- Tu sais très bien pourquoi je suis parti ! Cette fille c'était juste un coup comme ça !
Très classe, pensais-je.
- T'avais promis de revenir ! Au lieu de ça tu m'as abandonnée comme une merde, sans donner aucune nouvelle ! T'aurais pu être mort c'était pareil !
Il se figea. Je m'était levée et j'avais hurlé de toute mes forces. Toute la rancoeur que j'avais accumulée était en train de sortir et je n'avais pas la moindre intention de la contrôler. J'essayais de me calmer, et lorsque je repris, mon ton était froid et dur.
- Et juste un coup comme ça, très classe vraiment. Bravo, c'est vrai que ton traitement t'a bien servi. T'es passé de bipolaire à connard.
Je sentait que c'était la phrase de trop. Je le sentit vibrer de rage et, en deux pas, il était devant moi à quelques centimètres de mon visage. Pendant quelques secondes il ne dit rien, restant la, son regard planté dans le mien. Je tournais les yeux vers Simon, il semblait effrayé et énervé à la fois. Je priais pour qu'il s'interpose, mais il ne dit rien.
- Moi un connard ? Moi je serais un connard quand toi tu m'as déjà remplacé ?! Je suis parti pour ton bien et tu le sais ! J'ai fais tout ça pour toi, rien que pour toi !
Il criait, et les larmes me montaient aux yeux. Je voulais répondre mais aucun son ne sortait de ma bouche. Voyant que je ne répondais pas, il continua, plus doucement cette fois.
- Sacha, tu sais que je tiens à toi, je n'ai jamais voulu te blesser..
- Si tu tenais vraiment à moi, tu ne serais pas parti et tu m'aurais laissé t'aider. Mais t'étais trop fier pour ça. Alors, s'il te plait, ne me blâme pas d'avoir voulu commencer quelque chose de nouveau avec quelqu'un, parce que c'est ta faute, et uniquement ta faute.
J'avais parlé tout doucement, difficilement même car j'essayais de retenir mes larmes.
- Et puis, si tu tenais vraiment à moi, jamais tu ne m'aurais parlé comme ça au téléphone. Si tu tenais vraiment à moi, tu ne serais pas allé voir ailleurs tout en pensant revenir vers moi plus tard.
Je sentais les larmes rouler sur mes joues. Léo était toujours devant moi. Je l'avais laissé sans voix. J'avais vu son regard se voiler pendant que je lui parlais, et même s'il m'avait blessée, je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal en le voyant ainsi.
Sans que j'ai rien vu venir, Léo mit ses mains sur mes joues, et posa ses lèvres sur les miennes.
Je restais immobile, les yeux grands ouverts, ne sachant pas quoi faire. Puis mes yeux se fermèrent lentement, et je lui rendis son baiser.
D'un coup, je sentis Léo s'éloigner de moi, me ramenant à la réalité. Simon venait de le pousser par terre. Léo se releva et donna un coup de poing en plein dans le visage de Simon, qui tituba et se cogna contre l'étagère. Il se reprit, nous regardant tour à tour avec Léo, et s'en alla en claquant la porte. Je me précipitais à sa poursuite mais Léo m'attrapa, me clouant sur le canapé.