PREMIER MOMENT : L'ESPOIR
J'ai l'âge de ma vie, vingt ans
tenant par la main un enfant
tous deux remontons la ruelle
de cet ancien lotissement
longeant les façades obscurcies
pas à pas cœur battant,
nous cherchons ta chaleur
le goût de ta présence
à la lueur
de la lune troublante
je sens tout bas le souffle
de mon cardio membre palpitant
et puis parfois la poigne docile
de l'enfant
se crisper dans ma main
l'émotion nous tient
au creux des reins
quand j'active le pas
la moiteur de nos peaux
trahit notre émoi
le sien
le mien
finalement,
nous échouons face à ta porte
en fin de parcours
au fond d'une cour
cette porte est vitrée
ce qui nous permet d'entrevoir
perçant l'obscurité
la lumière vacillante
d'une télé blanc et noir
plus de doutes possibles
la demeure est fréquentée
d'une main hésitante
je heurte le carreau
les quelques minutes d'attente
auxquelles nous sommes contraints
resserrent notre étreinte
L'enfant est trépignant
Mal aisé et inquiet
J'ai la gorge serrée
Mais non pas par la crainte
Quand ton ombre paraît
De derrière le rideau
Filtrant mes souvenirs
Je retiens mon sourire
Par ta main la poignée s'éveille
S'agite, tourne et débloque
Le verrou encombrant,
Nous allons à l'instant
Savourer le moment
Espéré depuis si longtemps
Nous allons déguster l'ébranlement
de la porte
qui laissera paraître
ta silhouette émouvante
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UN AMERICAIN EN FRANCE
Non-FictionUne sélection des meilleurs textes de l'adolescence à nos jours...