Mère maudite!

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Le soir même, je quittais mon village, mon père, et tout ce qui avait fait ma vie jusqu'à présent. Je n'étais plus une enfant. J'ai suivi mon beau cavalier sans me poser la moindre question.

Sans lui poser la moindre question, non plus. Mon cavalier n'était pas n'importe quel jeune homme. C'était avant tout un prince. Il venait d'un pays très lointain. Il m'a emmenée dans un manoir. Avec le temps, j'ai appris son langage, mais peu importe; notre amour se passait de mots.

Avec lui, j'ai passé, les neuf plus beaux mois de ma vie. Mais un jour, il fallut bien me rendre à l'évidence. J'étais enceinte. Lorsque je lui ai annoncé la nouvelle, je tremblais de tous mes membres. Pourtant, sa réaction fut celle d'un véritable prince charmant. Nous nous sommes épousés et c'est dans la douceur et le confort que j'ai passé mes derniers mois de grossesse.

Par contre, mon accouchement fut une véritable torture :

-AAAAAAAAAAAAAAAH

-Vous y êtes presque Votre Altesse! Encore un effort...

-HANNNNNNN

-Ça y est, on voit sa tête! Encore un dernier effort!

-...

- Nous l'avons! Votre Altesse, vous pouvez être fière de vous! C'est un garçon!

Je souris faiblement... un garçon. Finalement, peut-être que j'avais déjà accompli mon destin : mettre au monde un héritier pour la couronne. Une nourrice me mit mon fils dans mes bras.

Immédiatement, je sentis mon cœur déborder d'amour. D'amour et de reconnaissance pour la vie et tout le bonheur qu'elle m'avait apportée jusque-là. Mon époux était à mes côtés et il me tenait la main. Lui aussi rayonnait de fierté! À cet instant, j'étais heureuse, épuisée, mais heureuse, tout simplement.


Et puis, j'y croyais déjà, moi aussi j'aurais droit à une fin heureuse, moi aussi j'aurais droit à «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant...» Après tout, j'en avais déjà un , je devais bien être capable de recommencer, non?

-Que tout le monde sorte de la salle!

Je renvoyais toute la troupe de nourrice et de sages-femmes. Je voulais être seule, seule avec mon fils. J'avais une promesse à lui faire.

Quand tout le monde fut sorti, j'ai pris mon fils dans mes bras, je l'ai porté à hauteur de mon visage, et je lui ai fait une promesse.

-Moi ta mère, je serais toujours présente à tes côtés. Moi, ta mère tacherai d'être une véritable mère pour toi.

C'est à cet instant qu'un souffle de vent à balayé la pièce. Ce souffle-là, je l'aurais reconnu entre mille. C'était ma mère à moi. Instinctivement, j'ai serré mon fils contre moi.

Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Rugissante de colère, elle s'est approchée de moi. Puis dans un murmure encore plus terrifiant que si elle avait crié, elle m'a glissé à l'oreille :

-Alors le roi que je t'avais préparé sur un plateau ne te convenait pas... Il a fallu que tu te la joues rebelle...

J'ai frémi, je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie. Elle a ajouté :

-Qu'on se comprenne bien ma fille, tu n'as pas le choix!

-...

Puis en regardant mon fils avec dédain, elle m'a dit de sa voix la plus méprisante.

-Et puis comment peux-tu lui promettre d'être une bonne mère alors que tu es une fille ignoble.

Cette fois-ci, sa remarque m'a arraché un sursaut d'indignation :

Ignoble il ne fallait pas exagéré quand même.

Comme si ma mère avait lu dans mes pensées, elle ajouta :

-Ignoble oui. Je t'ai donné un corps de rêve et voilà ce que tu en fais!

Elle pointe du doigt mon ventre tout flapi et encore éprouvé par mon accouchement, et les rondeurs qui se sont accrochées sur mes joues.

Puis, le regard flamboyant, elle ajoute :

-Et puis, à peine partie tu oublies le présent que ta mère t'a fait!

D'un geste brusque, elle fait apparaître le miroir magique qui m'avait déclaré être la plus belle.

C'est trop d'émotions d'un coup, je me suis effondrée en larme.

Ma mère en profite pour récupérer mon tout-petit-bébé.

Et finalement, c'est là qu'elle me l'annonce : elle m'apprend la malédiction qui me frappe et pourquoi j'en suis la victime...

Je pousse un long hurlement :

-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON

Et ma mère de continuer :

-Sois tu acceptes d'être maudite, sois tu la transmets, à ton fils. 

Je regarde mon tout petit. Et la vague de terreur qui me submerge et plus forte encore : Lui mourir d'une mort violente! Par ma faute!?

Je me résous alors à l'impossible :

-Mère que dois-je faire?

-Quitte ce château, quitte cet enfant, et quitte ton époux. Épouse le roi qui t'était destiné, et surtout n'oublie jamais... de demander chaque jour à ton miroir qui est la plus belle!





La MarâtreWhere stories live. Discover now