Epilogue

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Il en restait beaucoup à apprendre sur Marinot.

Les médecins doutaient de comprendre un jour les motivations de certains de ses actes, comme par exemple le fait d'avoir maquillé les têtes des trois premières victimes en personnages de contes ayant eu affaire avec un ogre, puis d'avoir cessé subitement de maquiller les suivantes. Cela avait-il un rapport avec le fait que les trois premiers étaient des garçons puis qu'ensuite il n'avait plus tué que des filles ?


Mme Sarrez était partie.

Méliand et le commissaire regardaient à travers la vitre sans tain Gilet et Justin en train de revêtir Marinot de l'usuel gilet pare-balles avant son transfert au dépôt pour la nuit.

C'est vrai qu'il n'est pas bien épais, songea Méliand, et pourtant il m'a balancé dans les poubelles d'une force incroyable. Ce genre de type, lorsqu'il a une pulsion, voit ses forces décuplées. Les pauvres gosses n'ont pas dû peser lourd.

Pour ce qui le concernait, cette affaire prenait fin.


Gilet et Justin partirent avec Marinot à qui ils avaient remis les menottes, et Méliand regarda par la fenêtre, dans la cour du commissariat.

Une nuée de journalistes était là, attendant avidement le monstre.

La nuit commençait à tomber.

Depuis le dessus, Méliand les vit arriver, tenant toujours Marinot, à proximité de la voiture de police assurant le transport.


Certains, dans ces cas-là, essaient de se couvrir la tête avec leurs vêtements pour ne pas être pris en photo. Marinot, lui, regardait droit devant. Il ne paraissait pas concerné et se moquait bien des flashs qui crépitaient de partout.


Soudain, surgissant comme un diable de sa boîte d'entre les photographes, un homme se trouva en une seconde en face de Marinot, le dévisageant, à peine à deux mètres de lui.

Méliand, de sa fenêtre, le distinguait parfaitement et le reconnut tout de suite : le père de la petite Lysia. Il se mit à crier mais c'était inutile depuis là-haut.

Avant qu'on n'ait pu faire quoi que ce soit, l'homme leva le bras droit.

Il tenait un gros revolver nickelé. Il visa à peine et, sans prononcer un mot, fit feu deux fois sur Marinot, en pleine tête.

Puis il laissa tomber son arme et mit ses mains en l'air.


Méliand se rua dans les escaliers. Arrivé en bas, c'était le chaos. On avait appréhendé le père de Lysia après son geste insensé et les journalistes mitraillaient la scène à tout va.

Méliand se dit fugacement que ça allait barder avec le divisionnaire.

Marinot gisait sur le dos, une grosse tache de sang s'élargissant de seconde en seconde sous sa tête. On ne le reconnaissait plus car il avait reçu une balle dans chaque œil.


C'est ainsi, sur les pavés gelés de la cour d'un commissariat en cette soirée de fin novembre, que finit l'Ogre de Lyon qui avait terrorisé la ville pendant deux mois.


Aucune juridiction ne l'ayant jugé, au sens pénal il mourait innocent, et ceci malgré toutes les preuves et ses aveux.

Présomption d'innocence oblige...

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FIN



L'Ogre de LyonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant