deux ✵ blonde

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J'avais commencé à fumer à l'âge de 15 ans, quand j'avais atteint mes 1m85 et que le monde autour de moi me voyait comme un gars de 18 ans. Pourtant j'étais boutonneux, fin comme un bâton et encore plus paumé qu'aujourd'hui.

J'avais essayé tous les goûts et moyens possibles, les feuilles, la cigarette électronique que j'avais trouvée fade au bout d'une semaine. Le tabac m'avait aidé de voir les choses autrement, comme de la fumée vous chatouillant le nez.

J'avais demandé à Ava pourquoi elle avait pris le bus ce matin. Elle m'avait répondu par un haussement d'épaules avant de rentrer dans la voiture qui était venue la chercher à 13 heures pile. Louche.

Le bus de 17h47 était mon bus préféré, un bus grand, vide et spacieux. L'air ne sentant que les sièges et non les parfums, le conducteur conduisant largement plus vite, sautant plusieurs stations. Les gens du bus aussi étaient plus agréables. Le véhicule était peuplé de jeunes moins sur leurs portables qui admiraient le paysage que nous offrait la vitre. Je les trouvais déjà moins banals.

Ce fut le cas pour une fille, grande et très mince, elle était presque squelettique. Ses yeux ne voulaient pas se détacher de la vitre tout le long du trajet et je dus la regarder voir, quelle merveille était notre ville. C'était sarcastique bien sûr. Ma ville n'avait rien d'intéressant et chaque bâtiment frôlait ceux des banlieues parisiennes. Pourtant la blonde la dévorait dans sa bulle.

Je me postai en face d'elle au milieu du trajet, tenant la rampe avec assurance, à quelques mètres de la jeune fille assise. Elle était plate, de devant et de derrière, aucune forme mais pour tout vous avouer, elle était jolie.

Ce n'était pas mon style de fille mais je devais admettre qu'elle avait du charme. Elle avait des yeux profonds verts que je ne pus voir entièrement par sa position et ses longs cils me rappelaient ceux de ma mère. Mais je ne pouvais m'empêcher de repenser au fait qu'elle était plate, ça devait être dur à vivre dans cette société terne. Une planche à linge comme les gars de mon bahut les appelaient.

Je vis ses doigts se contracter rapidement quand le bus énonça le nom d'un arrêt. Elle se leva, descendit les marches et sortit. C'était le nom d'un pont, un vieux pont que personne ne connaissait sauf ceux qui vivaient dans le quartier où il trônait. Et cela avait l'air d'être le cas de la blonde.

Elle n'était pas dans mon lycée, je ne l'avais jamais vue ni croisée. J'analysais souvent les visages et les remémorait un peu à chaque cours pour ne pas les oublier. C'était mon truc de connaître les traits des gens par cœur.

Je m'étais promis que si je le revoyais un jour dans ce bus de 17h47, je la regarderais dans les yeux et imaginerais sa vie. Elle intriguait plus d'un.

Je descendis cinq arrêts plus tard, les yeux vides, en manque de tabac.

                   *                  *                 *

Coucou tout le monde, donc voici une fiction courte et très spéciale, je ne vous promets rien et vous allez sûrement détester :')

L'intrigue débute dans quelques chapitres mais les fondements de la réflexion d'Aris se reposent sur ces passages dans le bus. J'espère que vous apprécierez c:

Bis, elo


Trente minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant