Chapitre 28 - Je veux Emily

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Je reniflai et m'essuyai les joues d'un revers de manche.

« Ils sont déjà prévenus, Mademoiselle Wolff, » annonça le conducteur.

J'hochai la tête et continuai de regarder, d'un air absent, le paysage urbain passer à travers la vitre. Enfin arrivés, nous allâmes dans une petite salle pour me faire interroger. Beaucoup de questions sur ma relation avec Jack furent posées. Comment je l'avais rencontré et d'autres choses qui me gavaient la tête.

« Jack ne se serait jamais suicidé, » annonçai-je comme vérité.

L'homme d'un certain âge haussa d'un sourcil.

« Et pourquoi cela ? »

« Parce qu'il n'avait aucune raison pour... » répondis-je simplement.

« Votre ami a un passé de drogué. Il n'est pas inhabituel qu'il rechute dans ce milieu... »

« Mais il n'avait pas besoin de prendre ces merdes ! » répliquai-je, agacée.

« Mais il l'a fait. »

Un concours de regards se fit. Je ne le croyais pas.

« Il n'y avait aucune traces d'effraction ? » demandai-je pour essayer de retourner le sujet en ma faveur.

« Non, aucun, » répondit-il.

« Une lettre ? Un mot ? »

« Aucune retrouvée pour l'instant. Ecoutez nous faisons notre boulot correctement. Il n'y a aucune fenêtre cassée ou porte crochetée. Ses colocataires ont confirmé qu'il n'y avait pas eu de vol. Nous sommes en train d'analyser les empreintes sur la seringue, mais il n'y aura aucun doute sur le fait que ce serait les siens. »

« Non ! Il ne s'est pas suicidé ! » m'écriai-je en me levant de la chaise.

« Calmez-vous, » dit-il en restant calme et assis.

« Vous pensez que c'est un meurtre, mais il n'y a aucune preuve de cela. Des personnes avaient-ils une raison de lui vouloir du mal ? »

« Non, mais... »

« Alors cette affaire est classée. Toutes mes condoléances. »

J'aurais voulu lui crier dessus, le frapper de toutes mes forces. Mais de la force, je n'en avais presque plus. Je me tus pendant quelques secondes en gardant cet air avachi et lointain.

Il alla me raccompagner vers la porte, mais un détail me chagrinait.

« Attendez, si vous êtes tellement convaincus que c'était un suicide, pourquoi m'avoir fait venir ici pour m'interroger ? Depuis le début, vous pensez à la thèse du suicide, mais je suis là comme si j'étais coupable... »

Je le regardai avec curiosité. Quelque chose clochait, et je savais que j'avais raison quand je vis ses yeux s'agrandir légèrement sous la surprise. Il ne s'attendait pas à ce que je pose cette question. Je croisai les bras tandis que j'attendais une réponse qui tardait à venir. Une nervosité soudaine le fit regarder partout sauf moi.

« Ecoutez, vous devez partir maintenant, » chuchota-t-il presque en passant une main dans ses cheveux gris.

« Pourquoi suis-je là ? » demandai-je de nouveau avec une voix ferme.

« On m'a demandé de vous interroger donc je l'ai fait. Je ne questionne pas les ordres de mes supérieurs. Maintenant, sortez. »

Ses supérieurs ? On l'a demandé de m'interroger ? Mais pour quelle raison ? J'essayai de réfléchir à toute vitesse, mais rien de concret de sortit de ma cervelle. J'étais fatiguée. Epuisée par les évènements, je pouvais tomber dans les pommes à n'importe quel moment. Je ne savais même pas comment j'arrivais à marcher sans tanguer.

BattementsWhere stories live. Discover now