Princesse des Ténèbres [Tome 1]

Chapitre 29

Mise à jour le 2017-01-29

Allison

Le bip sonore annonçant cinq minutes retentit.

5 minutes.

Je lui avais promis.

Avec regret, je reculai doucement en sanglotant. C'était trop difficile de le laisser ici et de partir sans regarder derrière.

-Comme on se retrouve. Le fantastique Alec et Allison.

Je n'eus même pas le temps d'apercevoir sa main foncer vers ma joue à une vitesse hallucinante que j'étais déjà sur le sol. Ma vision était désormais floue et je sentis un liquide froid couler le long de mon visage.

-Alec.

-Contente de me revoir ? Je sais, je sais, c'est quoi cette question ! Bien sûr que t'es contente de me revoir, je suis Alec !

-Où est Nölan ? murmurai-je en ignorant ses paroles de plus tôt.

-Oh, toujours aussi dramatique. Mes potes s'occupent de lui, t'inquiètes, il souffrira quasiment pas, dit-il avec un affreux rictus.

Tandis que mon regard noir semblait un peu le déstabiliser, je lui envoyai un faible coup de pieds sur le tibia et me mis à ramper vers la forêt. 

Ma tête était en feu et quand je reçu un puissant kick dans les côtes, un hurlement sourd sortit d'entre mes lèvres. Mon corps me faisait terriblement mal et des points noirs dansaient devant mes yeux.

-Je sais même pas qu'est-ce que Nölan ou Jacë te trouve. Non, mais sérieusement, toi ? Qui voudrait de toi ? D'une pauvre pathétique petite fille qui a perdu tous ses amis et ses parents. Tous morts. Une fille qui est toujours en train de pleurer ou de se plaindre. Pathétique. Tu salis l'image de ta famille, ils auraient tous eu tellement honte de te voir maintenant et surtout Reece. Personnellement, je sais même pas ce que je trouvais quand je vois ce que t'es devenue.

Alec se rapprochait encore plus de moi, puis se mit à ma hauteur en entortillant une mèche de mes cheveux autour de son doigt. Quand il caressa ma joue, j'essayai de le repousser, mais j'en étais incapable.

-Pathétique. Innocente. Faible. On peut s'entendre que je mieux que toi. En fait, je suis mieux que tout le monde, tu m'as vu ? lança-t-il, perdu dans ses propres pensées pendant quelques secondes.

-Toi mieux que tout le monde ? Moi non plus, je sais pas ce que je te trouvais. T'es seulement un bâtard qui s'amuse à voir souffrir les autres. C'est mieux peut-être ? Je vais te dire, j'aime mieux être comme je suis qu'être tombé complètement en bas de l'échelle comme toi.

1 coup de poing.

2 coups de poing.

3, puis 4 coups au visage.

Un goût métallique s'installa dans ma bouche et je me mis à cracher du sang. Alec se mit en califourchon sur moi et me murmura sadiquement à l'oreille :

-Oh tu saignes ? Pauvre petite Alli.

-Juste ta gueule Alec, murmurai-je faiblement.

-C'est toi qui la fermes.

Avec son pouce, il essuya le sang près de mes lèvres et le ramena vers les siennes. Il semblait surpris du goût, puis il me lança un sourire qui me fit frissonner de peur.

-Tu sais quoi ? J'ai changé d'avis.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Jacë m'avait dit de ne pas te blesser et je ne l'ai pas écouté alors je vais faire les choses comme je veux et te tuer, ce sera mieux pour tout le monde.

Sur ce, ses mains se dirigèrent vers mon cou, puis Alec appliqua une énorme pression pour m'empêcher de respirer correctement.

-Je suis gentil, j'ai pris la façon la moins douloureuse possible. Pas besoin de me remercier.

Je me débattais de toutes mes forces, mais il était trop fort. Mes poumons étaient en feu et mon cerveau bouillait sous le manque d'oxygène. 

Mon corps était devenu lourd et mes paupières se fermèrent toutes seules. Tous mes souvenirs de ma vie défilèrent dans ma tête et tous mes muscles se relâchèrent.

-ALLISON ! hurla une voix familière.

Nölan ?

Quand je rouvris les yeux faiblement, Alec était toujours en train d'essayer de me tuer. Avec mes quelques forces restantes, je dégageai le couteau que le Prince des Ténèbres m'avait donné, puis le plantai directement dans le cœur de mon ancien ami.

Sa pression sur mon cou diminua et je replantai le couteau dans son torse. Son sang giclait partout, mais ça ne me préoccupait pas. 

Je le repoussai de sur moi, puis me mis moi-même en califourchon sur lui en le poignardait une dizaine ou même une vingtaine de fois partout sur le corps.

Une rage meurtrière.

Le sang m'éclaboussait sur le visage et mes vêtements, mais je m'en fichai éperdument. Je continuai mon massacre sentant chaque coup rentrer dans sa peau le faisant souffrir et me procurant le plaisir de le voir souffrir à son tour.

Le plaisir de tuer.

Il était mort, mais ça m'importait peu.

Je sentis quelqu'un m'arracher du cadavre et sans m'en rendre compte, je me retrouvai dans une paire de bras.

-Il est mort, c'est fini, me murmura doucement une voix.

Les larmes se mirent à recouler en pensant à ce que je venais de faire et j'enfouis mon visage dans le torse de Nölan humant son odeur au passage. Je mouillai son chandail, mais ça n'avait pas l'air de le déranger plus que ça.

Je m'éloignai un peu du garçon, puis tombai à genoux dans l'herbe. Je posai mes mains pâles sur la terre désormais rouge devant moi. 

Mes genoux étaient fléchis et ma tête était tournée vers l'avant, fixant le cadavre. Le bruit de gouttes d'eau s'écrasant sur le sol fit soudainement éruption dans la nuit, mais ce n'était pas du tout un bruit relaxant.

Le corps tremblant, je fixai mes mains imbibés d'une substance poisseuse rouge et la marée qui s'y trouvait juste à une dizaine de mètres de moi. 

Un sentiment de haine et de colère m'envahit et fixant le vide, j'essayai d'entendre un seul battement, un seul petit son ou même une seule respiration de ma victime, mais rien.

Des images affreuses me revinrent en tête au même moment et je me revis en train de le poignarder à plusieurs reprises. Le sang éclaboussant mon visage, mais aussi l'inconnue qui se tenait au-dessus de mon ancien ami, avec une expression de satisfaction.

Et cette personne, c'était moi.

-Hey, ça va aller Alli, ok ?

Je sortis de mes pensées, toujours secouée, puis le fixai tristement.

-Non, ça va pas aller, j'ai tué quelqu'un, sanglotai-je.

-Il allait te tuer, tu as fait ce qu'il fallait que tu fasses.

Il releva mon visage vers le sien et me fixa dans les yeux en essuyant encore une fois les larmes sur mes joues. Tandis qu'il tenait toujours mon visage, il lança :

-On va s'en sortir ensemble, d'accord ? Je ne te laisserais jamais tu m'entends ? Jamais. Je ne te laisserai pas traverser cette épreuve seule.

-Merci, dis-je en lui donnant un câlin.

-Viens, on s'en va d'ici.

Nölan me tira par la main, puis mit son bras derrière mes épaules. Juste avant de partir, je me retournai et fixai le corps sans vie d'Alec.

Avais-je fait la bonne chose ?