Chapitre 9

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Chapitre neuf : enfoiré de Dumstas.

Me voilà dans le couloir de la direction, attendant patiemment que ma mère, Phellans et le principal aient terminé leur petite discussion. Thomas est à ma gauche, Dumstas à ma droite. Alors que le premier se ronge les sangs pour moi, le second se délecte de la situation délicate dans laquelle je suis.

Certaines choses ne changeront jamais. Comme le fait que ma vie obéit au précepte « vaut mieux faire simple que compliqué ». Ça pourrait être simple, la vie pourrait suivre simplement son cours comme un long fleuve tranquille. Sauf qu'en vrai, elle te fout dans une rivière tumultueuse, te prend tes rames et t'ordonne d'avancer.

- Je peux savoir, par le slip de Jean Sans Terre, pourquoi tu t'obstines à te mêler des affaires des autres ? s'écrie Thomas, furax contre Dumstas.

Thomas s'énerve peu. Mais quand il le fait, il le fait bien. Et puis, il a des expressions géniales. Vous trouvez pas ?

- Oh je ne sais pas... J'aime bien me dire que Pearson est dans la merde grâce à moi. Puis, c'est quand même salement louche le fait que Monsieur Phellans lui parle à presque chaque cours en privé. Alors qu'ils se voient en dehors de l'école..., ricane Mark.

- T'inquièterais-tu pour moi ? j'ose interroger sans perdre une once de sang froid.

Le flegme britannique, très cher. Le flegme britannique.

- Je t'ai peut-être évité une virée avec un pédophile. C'est me remercier que tu devrais.

- Excuse-moi, fait remarquer Thomas. Mais la manière dont tu as raconté ça sous-entendait clairement une relation consentante entre eux alors tu ne fais certainement pas ça par bonté soudaine !

Il grimace. Thomas marque un point et un fameux.

- Je dois reconnaître que l'idée que Pearson dégage enfin de cette école m'émoustille fortement, sourit-il.

- Et Phellans ? L'idée que lui aussi se fasse virer t'as-t-elle effleurée ? aboie Thomas.

Je dois avouer que même moi je ne l'ai jamais vu dans cet état.

- Dégâts collatéraux, réplique-t-il en haussant des épaules.

J'ai très envie de lui retourner une baffe, là tout de suite.

On ouvre la porte et Monsieur Johnson réclame Mark dans son bureau. Cette chère petite raclure obéit et je me retrouve seule avec Thomas.

- Alors ? Que c'est-il passé exactement ?

- Rien que tu ignores. Dumstas est allé voir Johnson en clamant qu'il y avait une relation entre Phellans et moi. Il a des photos en gage de preuve et puis voilà !

Il me vise bizarrement.

- Des photos ? Quel genre de photo ?

Je rougis.

- Bah... Après le jogging, j'étais complètement morte. Phellans m'a un peu soutenu pour pas que je me ramasse...

- Idiote, soupire-t-il en me frottant les épaules. T'as pas assuré pour le coup.

Vous savez, c'est très humiliant de se faire materner par son meilleur ami. Meilleur ami qui se fait dégager par la très désagréable secrétaire de Johnson. Je me suis toujours dis qu'elle devait être un dictateur sans pays à tyranniser pour devoir autant avoir besoin d'afficher sa maigre supériorité auprès des élèves.

Quand, un quart d'heure plus tard, Dumstas sort et c'est mon tour de rentrer, je prends une inspiration et entre dans le bureau du principal.

La pièce est relativement spacieuse, une table de réunion pour les conseils de classe. Le bureau est placé de sorte que Johnson puisse constamment avoir le regard sur la porte. En face de lui, deux chaises et un troisième tabouret pour l'occasion. Je suppose que c'est Monsieur Marquez, le concierge qui l'a amené.

Les Innés, livre 1 : le père.Where stories live. Discover now