Chapitre 11

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Chapitre onze : matin d'anniversaire.

Je fréquente Daniel voici 2 mois. Ma force ainsi que ma condition physique se sont grandement améliorée, pour être honnête. Daniel ne s'en ait tenu qu'à l'endurance mais je sais désormais faire un jogging de une à deux heures, faire jusqu'à 25 pompes et 40 abdos sans problème. Pour moi, c'est déjà franchement pas mal.

Phellans est partit dans un pays étranger, à mon grand bonheur. Aujourd'hui, c'est le premier novembre et je suis heureuse d'avoir l'occasion de passer mon anniversaire sans ses appels intrusifs.

Depuis maintenant 5 ans, le jour de mon anniversaire, je me lève aux alentours de 5 heures du matin et me balade dans Londres toute la journée avant de rentrer chez moi quand l'heure du thé approche. Mon anniversaire étant tombé un jour en plein milieu des vacances de Toussaint c'est plutôt pratique quant au fait de croiser ma mère un minimum possible.

Je noue mon écharpe, les automnes sont assez rudes à Londres, offre une caresse à Idiot avant de sortir à pas de loup. Les automnes londoniens sont plus froids qu'ils ne laissent croire. Je jette un dernier regard à mon salon puis ferme la porte.

Oh, ne vous méprenez pas. J'ai bien conscience que ma mère n'est pas totalement coupable de l'absence de mon père à mes anniversaires. Mais, tout comme les 15 précédents, j'aurais aimé qu'il soit là. 16 ans, c'est quand même important, non ?

Visiter Londres tôt le matin, c'est assister au réveil du cœur de la Mère patrie. Je traîne autour de Smithfield market : les pubs y ouvrent dès 6h30 et je pourrai m'y offrir un petit déjeuner digne de ce nom pour trinquer à mon seizième automne (forcément, novembre, réfléchissez comme vous voulez, on est en automne).

Je croise quelques boursiers en route, des marchands, et d'autres tarés qui n'ont rien à foutre un jour pareil que de se balader. Un truc pénible quand il vous manque un parent, c'est qu'on se sent obliger de chercher des traits communs avec le premier inconnu donné. Je fais ça tout le temps.

Je trouve rapidement un pub qui me semble correct et m'y installe. Je mets mes écouteurs par la même occasion, m'isolant du monde extérieur. Je commande un English breakfast histoire de rester dans le cliché.

Une dose de vie comme dans les films fait toujours du bien.

Je finis de manger, essuie consciencieusement ma bouche, règle la note et sors en répondant par un amical signe de tête au « Bonne journée, Miss ! » du serveur. Je remarque que j'ai mal calculé mon coup : il est encore trop tôt pour aller faire une séance shopping dans la City.

J'adore aller faire les magasins très tôt. Les vendeuses sont trop fatiguées pour vous embêtez avec leur conseil, il reste encore des trucs  à votre taille et il n'y pratiquement personne. Pour les gens comme moi, faire les magasins tôt, c'est le paradis.

Ou presque. Certaines irréductibles vendeuses continuent de vous harceler.

Je sais ce que les plus angoissés d'entre se ditent : oh bon Dieu, se balader dans une ville comme Londres seule alors qu'on a à peine 16 ans ! Si on la prend violemment contre un mur, il ne faudra pas s'étonner !

Je vous explique : à 7h du mat', en pleine période de vacance scolaire, faut que le violeur soit sérieusement en manque pour chercher sa proie.

Je longe la Tamise en accélérant mes pas l'air de rien, les accordant sur la musique qui résonne dans mes oreilles. Jailhouse Rock, du King, reste et restera toujours un choix musical raisonnable.

Ma sonnerie interrompt le King. Quelle impolie et je pousse un long soupir en voyant mon correspondant.

- Que voulez-vous ? j'interroge avec colère.

Les Innés, livre 1 : le père.حيث تعيش القصص. اكتشف الآن