Below the moon / Jimin

Partie 3 : Un nouvel ami, et un nouvel ennemi

Le soir, à 6 heures, je rentrais chez moi, épuisée. Quelle journée ! Dans le bus, tous s'agitaient, même à cette heure-ci. J'écoutais « Loser » des Bigbang, ma chanson du moment. Cette chanson, j'avais l'impression qu'elle correspondait à mon mental. Je me sentais nulle, incapable, ratant tout ce que j'essayais d'entreprendre.

Ma vie ne ressemblait plus à rien. Au lycée, tout allait bien, j'étais une fille normale, qui n'avait de problème avec personne -excepté avec le merdeux- et mes notes étaient assez bonnes. Mais passée le seuil de chez moi, j'étais cette fille solitaire qui se réfugiais dans les livres, les films, les comédies. Cette fille qui vivait dans une fausse réalité, ou du moins qui essayait. Trouver des repaires, vivre des moments agréables. Je retrouvais tout ça dans mes livres, dans les films que je voyais au cinéma. Des fois, j'écrivais des débuts de récits, tous fondés sur une totale utopie. J'avais besoin de ça pour me sentir ailleurs et oublier. Oui, oublier.

Oublier que ma grande sœur, que j'aimais plus que tout au monde, était décédée il y a un an et demi maintenant. Ma sœur et moi, nous étions comme des jumelles. Si semblables, et pourtant si différentes. On était le jour et la nuit, mais on était unies comme les cinq doigts de la main. Je partageais tout avec elle, tout comme elle s'ouvrait à moi. Nos peur, nos coups de cœur, tout. Mais un jour, alors qu'elle avait une visite médicale, le médecin s'était aperçu que son cœur battait anormalement vite. Plus les jours passaient, et plus des symptômes apparaissaient. Elle souffrait de crises fréquentes de tachycardie qui lui provoquaient des étourdissements, des vertiges, des essoufflements...

Mes parents s'étaient battus contre ces crises, mais elles s'avéraient incurables. Jusqu'au jour où, le cœur de ma sœur s'est arrêté.

Inutile de préciser que cela a brisé ma famille. Mes parents se disputaient de plus en plus fréquemment. Mon père a eu plusieurs aventures à en juger son comportement. Ma mère est entrée dans une profonde dépression.

Moi, j'étais anéantie. J'ai tenté de me suicider, je me suis scarifié, je voulais juste souffrir encore plus, pour... je ne sais pas, oublier.

Avoir l'illusion que la douleur était due à ce couteau qui me transperçait la peau, et non à la disparition de ma moitié. Je n'avais plus envie de vivre, je n'avais plus envie de me battre. J'avais consulté de nombreux psychologues, mais sans succès. Comme on dit, le temps cicatrise les blessures. Et j'ai oublié. J'ai lu, j'ai écrit, je me suis bercée d'illusions. Ma vie a certes changé, et tout ça, c'est du passé pour moi désormais.

Je vivais mieux, laissant les blessure disparaître. EunJung m'avait soutenue, c'est elle qui m'avais sauvé de la noyade. Lorsque nous nous étions rencontrées, ma sœur venait de décéder. C'est donc elle qui m'a aidé a travailler, qui m'a remontée à la surface. Elle m'a sauvé d'une mort presque certaine. EunJung était devenue ma deuxième sœur, je tenais à elle plus que tout. Sans elle, je n'étais plus rien. Mes parents étaient comme morts, emportés par ma sœur.

Je n'avais plus eu de moments de complicité avec eux deux, depuis 1 an et demi.

Alors que je songeais à tout ça, j'étais sous la douche. Il était bientôt 19 heures, je devais me dépêcher.

-Je sors, à ce soir ! Dis-je en enfilant mon manteau et de fines baskets.

-Attend Kaelyn !

Ma mère attrapa mon bras. Je la fixai d'un regard interrogateur.

-J'ai trouvé un travail.

Sur ces mots, elle lâcha mon bras.

-Mais.. et le bébé ?

Elle fit un sourire rassurant.