Leïla
Samedi 17 décembre – 9h12 – Chez elle (et Gudule)
Elle avait hésité. Longtemps.
La lettre avait été écrite, déchirée, réécrite. Le panier préparé, puis reposé sur le fauteuil. Et Gudule, lui, trônait au centre du salon comme s'il attendait un verdict. Dignement. Corne légèrement penchée, mais pas vaincue.
Leïla fit un pas, puis un autre, jusqu'à la table. Elle replaça le pansement rouge cousu sur la poitrine de la peluche. Un vieux pansement d'enfant, retrouvé dans une trousse de secours, et qu'elle avait brodé maladroitement hier soir, entre deux tisanes et une crise d'insomnie.
Elle tapota la corne. Puis souffla, doucement :
— Bon. Mission : licorne diplomatique.
Elle roula le foulard dans lequel Gudule dormait d'habitude, l'installa en coussin dans le fond du panier en osier.
Sur la table, l'enveloppe blanche l'attendait. Son écriture, encre bleue, fine. Pas de "Monsieur Artfords", pas de formule pompeuse. Juste Paul.
Elle la relut une dernière fois, sans changer un mot.
Paul,J'ai lu ton message. Une fois. Trois fois. Un peu plus, en vrai.
Tu sais quoi ? Je comprends. Pas les silences, pas la fuite — mais la peur, oui.Et le fait que tu aies mis des mots dessus, vrais, sans vernis... ça m'a touchée. Vraiment.
Alors voilà. Je ne t'écris pas pour avoir raison. Ou pour réparer. Je t'écris pour dire que si tu es prêt à revenir — vraiment — je suis là.Avec Gudule. Ce soir. 20h. Chez moi.
Sans mur. Sans code. Sans distance.Juste nous.
— Leïla
Elle glissa l'enveloppe dans le panier, tapota doucement Gudule entre les oreilles.
Puis elle enfila son manteau, attrapa ses clés, et descendit les trois étages sans ascenseur avec la sensation étrange que son cœur tenait dans un panier en osier.
Clara la connaissait. Elle lui ouvrirait. Elle poserait le panier dans le bureau de Paul. Et elle comprendrait, sans poser de questions.
À 9h43, la porte de l'ascenseur de Fashion Times se refermait sur Leïla. Et à 9h47, Gudule entrait en mission.
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Paul
Samedi 17 décembre – 16h42 – Fashion Times
La réunion avait duré vingt-sept minutes de trop.
Paul remonta le couloir d'un pas rapide, s'arrêta devant son bureau, l'ouvrit sans même regarder. Il venait juste récupérer un dossier laissé sur la banquette près de la baie vitrée.
Et il s'arrêta net.
Un panier en osier trônait sur la table basse.
Et dedans, bien calé contre un foulard roulé comme un coussin...
Gudule.
Le licorne rose, corne de travers, regard de peluche un peu battu.
Et surtout : un petit pansement rouge cousu sur le cœur, avec un stylo bille noir, griffonné à la hâte :
LB + PA
Paul resta debout. Immobile. Son cœur, lui, avait déjà fait deux tours sur lui-même.
KAMU SEDANG MEMBACA
Un choix...
RomansaJ'ai fui New York, les podiums, et l'image qu'on attendait de moi. À Paris, j'ai appris à écrire. À respirer. À vivre. Mais le passé a des griffes longues. De retour dans la ville qui m'a façonnée, je recroise Caul, mon ex-fiancé, devenu créateur de...
