Chapitre 13 Fin

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La fin de l'année approchant dangereusement, je voulais passer un maximum de temps avec elle de peur qu'elle ne m'oublie pendant les vacances, ou que quelque chose arrive avant. Je profitai donc de chaque minute, chaque seconde, chaque instant en sa présence.
Je m'apprétais à passer un week end avec ma mère. Je fis donc mes valises, fit un dernier baiser à Carine, puis rejoignit ma mère dans la voiture, ou j'entrepris de lui raconter comment j'ai sauvé Carine.
"... et à ce moment là, je me suis souvenue qu'elle était Hémophile donc...
- Impossible, me coupa ma mère.
- Pardon ?
- C'est impossible. Les filles ne peuvent pas être hémophiles, tu as du te tromper."

Mais alors...Comment est-ce possible ? Je voyais bien la plaie qui saignait, et les médecins qui me disaient que...
Je décidais donc de me renseigner sur l'hémophilie. Je regardai sur Wikipédia, Doctissimo, et même sur un site de discussion de chirurgiens. Je devais me rendre à l'évidence : ce que ma mère m'avait dit était vrai, il est impossible pour une femme d'être hémophile. Une petite discussion avec ma douce me paraissait nécessaire.
Le week end se déroula sans incident majeur, je rejoignis donc le pensionnat, à la fois heureuse et détendue de mon week-end, mais aussi crispée de la conversation que je m'apprête à avoir avec ma chérie qui va peut être tout gâcher, car j'ai déja une petite idée du problème.
- Je... Je peux te parler une seconde ?
- Oui, bien sur, me répondit Carine, qu'est-ce qui se passe ?
- Eh ben voila... J'ai raconté la fois ou je t'avais... sauvée à ma mère et le fait que tu était hémophile, mais elle m'a dit que c'était impossible, qu'une femme ne pouvait pas l'être. Je me suis renseignée et, en effet, une femme ne peut pas être hémophile.

Elle baissa les yeux, je décidai de lui porter le coup de grâce :
- Et... Quand j'y repense... Je n'ai jamais vu de tampons, ou de serviettes dans notre poubelle autre que les miennes.

Je vis ses yeux se remplir de larmes, je me dis "Je l'ai eu, mes soupçons étaient fondés".
- Ferme la porte s'il te plaît, me dit-elle

J'obtempérais, puis vint m'asseoir à côté d'elle sur le lit.
- Tu sais... Dès que j'ai eu 7 ou 8 ans, j'ai tout de suite su que mon sexe n'allait pas avec mon état d'esprit. Je me sentais fille dans ma tête mais voila, je suis née homme, biologiquement. J'ai commençé à essayer les robes de ma mère, ses soutiens gorge, ses talons, puis en me voyant dans le miroir, déguisée en fille, je me disais "Voila ce que je suis vraiment". J'en ai parlé à mes parents, ils étaient bouleversés et je peux les comprendre, ça doit être dur au quotidien pour eux...
Mais je leur ai toujours tenu tête, je leur maintenais que je me sentais fille et que cela était entravé par un petit bout de viande entre mes jambes. Petit à petit, ils ont fini par l'accepter, mais nos relations étaient tendues.
Ensuite, à 10-11 ans, j'ai commençé à m'habiller comme une fille. Je commençais à me sentir bien dans ma tête, mais ma mère désespérait de me voir comme ca. Pour elle, j'étais toujours son petit garçon... Et mon père, qui a toujours rêvé de me voir footballeur, j'allais le décevoir...
Vers 15 ans, j'ai émis l'idée de changer intégralement de sexe. Ils commençaient tout juste à se faire à l'idée de mon transsexualisme, j'enchaînais avec ca, c'en était trop. Mais ils ont fini par accepter. J'ai donc subi une opération clandestine au Maroc, j'ai pris un traîtement d'hormones puis je suis devenue, peu à peu, ce que je suis aujourd'hui...
Ma mère a fait une tentative de suicide peu après mon opération. Elle m'a dit qu'elle a ressenti ca comme la mort de son petit garçon et l'adoption d'une jeune fille. Elle a été sauvée in extremis par les pompiers mais elle a gardé des séquelles. J'ai subi une modification de mon état civil, je suis officiellement une femme. On a décidé de déménager pour couper définitivement avec le passé, avec tous ceux qui m'avaient connu en homme... Ca a pas été facile mais maintenant je suis bien dans ma tête et j'essaie d'effacer ce passage de ma vie.

Je suis restée stoïque (c'est une de mes grandes qualités, ne pas montrer mes sentiments) et quand elle eut fini de me raconter son histoire, je l'embrassai tendrement puis lui demandai :
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?
- Parce que je voulais pas que tu me prennes pour une tarée, que tu te dises "Celle la elle est pas normale"... Tu... Tu m'en veux pas trop ?

Pour toute réponse je la pris dans mes bras et la serrai très fort, je sentis son coeur ralentir sa cadence, jusqu'à devenir un battement parfaitement régulier. Je l'embrassai sur la joue et lui dit :
- Je ne t'en veux pas, ma chérie.

Puis je lui demandai :
- Mais, tu te souviens, la dernière fois qu'on a fait l'amour, ton orgasme...
- Je simulais... Et la cyprine n'est pas la même que toutes les femmes : c'est une glande qui la produit et l'éjecte par le vagin.

Nous restâmes un bon moment serrées l'une dans l'autre. Nous voulions que cet instant ne s'arrête jamais.

J'ai aujourd'hui 25 ans, ceci est un épisode de ma vie dont je parle sans rougir. Je suis désormais mariée, avec un enfant, nous sommes épanouis tous les trois. Quand à Carine... Nous ne nous sommes plus jamzis revus après notre séparation forcée (j'ai été réintégrée dans un cursus normal, quand à elle, elle a décidé d'arrêter ses études). Je m'en suis remise, et puis Laurent m'a aidée dans ces moments là. J'ai définitivement coupé avec l'homosexualité depuis mes 19 ans, quand je me suis mise avec Laurent.
Tout ceci est définitivement classé, et c'est très bien comme ca.

FIN

Lesbienne refouléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant