Chapitre 10

46.8K 830 54
                                    

Nous étions dans sa chambre, elle commençait à se rétablir, tout allait bien, nous regardions la télé. Sur BFMTV, un reportage était réservé à l'évènement qui avait remué l'établissement pour jeunes filles comportementales Louise Beaubec :
"Hier, vers 22h, un terrible évènement vint frapper l'établissement. Pendant ce qui semblait être une bagarre, une jeune fille a été froidement frappée d'un coup de couteau à la poitrine. L'auteur des faits (nous vîmes une jeune fille, un capuchon sur le visage entrer dans une voiture de flics) a été interpellée tôt ce matin et a avoué les faits. Les élèves de l'établissement sont sous le choc, le pronostic vital de la jeune fille reste très engagé".
- Pfff...

Il me fallut un moment pour percuter que c'était Carine qui venait de parler, ou plutôt de pousser ce soupir.
- Les journalistes... continua t-elle, ils feraient vraiment n'importe quoi pour leur scoop... Et donc, je viens d'apprendre que j'étais entre la vie et le mort !

Malgré la situation, nous fûmes secouées d'un fou rire qui me fit vaciller de ma position debout pour tomber sur le lit de mon amie. Nous nous fixâmes longuement, intensément, puis elle reprit l'initiative d'une voix peu assurée :
- Bon... Je... vais appeler mes parents pour leur confirmer que... tout va bien.

Lundi arriva très rapidement et vint l'heure du retour à l'internat. Carine continuerait à porter une compresse fixée sur sa poitrine, à changer deux fois par jour. L'infirmière m'ayant montré comment faire, je m'en occuperai pour les trois semaines à venir.
Une fois arrivées au pensionnat, Carine fut accueillie par une ovation de la part de tous les élèves. Tous vinrent lui poser des questions sur sa blessure, sur les soins, sur le reportage de BFM...
Je fus, pour ma part, accueillie par un comité beaucoup plus restreint, et je ne m'en plaignis pas.
Le soir venu, Carine me demanda de changer sa gaze. J'acceptai et, bien que je m'y fus préparé, cela me fit un choc : elle se mit en soutien-gorge. Elle me demanda :
- Si il te gène, je peux l'enlever...
- Non, c'est... C'est bon.

Je lui décollai l'ancien pansement, qui était bruni par du sang oxydé, pour laisser voir une cicatrice, qui commençait à se refermer. Le sang ne m'a jamais dégoûtée, il m'arrivait même des fois de me piquer avec un compas ou avec un couteau pour laisser perler une mince goutte de sang et observer son comprtement.
Je jetai l'ancienne compresse à la poubelle, puis déroulai une bande de sparadrap pour coller la nouvelle.
- Tu sais... l'autre jour... me dit-elle
- Oui ? La cause de ton retard ?
- Eh ben, je voulais te le dire mais... je n'en ai pas eu le temps disons.
- Oui...
- Eh ben voila... je suis tombée dans la drogue.
- Oh... Et l'autre jour...
- J'allais voir la dealeuse, oui.

J'étais absolument bouleversée par ce que je venais d'entendre. Je ne croyais absolument pas Carine capable de ça.
- Depuis combien de temps ? repris-je
- À peu près deux mois.
- Mais... Pourquoi ? Enfin je veux dire... T'as tout pour toi, t'es magnifique et il faut que tu tombes dans cette spirale de merde !
- Non... Non, justement il y a quelque chose que je n'ai pas encore et que je désire plus que tout au monde...

À ce moment là, nos regards se croisèrent et je compris. Depuis deux mois, je me fais souffrir et je la fais souffrir, par la même occasion. Depuis deux mois, je me retiens uniquement parce que je redoutais son "Non" alors qu'elle aurait pu me dire "Oui"...
- Eh ben, fis-je, je suis... désolée... Mais tu sais, ca peut s'arranger...

Son regard s'illumina sourain.
- C'est... C'est vrai ?
- Non, fis-je... Désolée, c'était con, c'était complètement...

Je n'eus pas le loisir de continuer car elle m'avait déja posée la main sur ma cuisse et enlaçée par la taille. Elle approchait sa tête très, très près de la mienne, elles furent sur le point de se toucher...
Cependant, il n'en fut rien car à ce moment, ce fut le chaos dans les couloirs.

Lesbienne refouléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant