Chapitre 41 - Don't blame me.

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Je n'avais pas envie d'y aller.
Je ne voulais pas quitter la villa.
Je ne voulais pas m'éloigner d'elle.

Pas maintenant. Pas alors qu'elle ne me regarde même plus dans les yeux. Pas alors qu'elle est à deux doigts de craquer pour de bon à cause de tous mes silences, mes demi-vérités, mes secrets.

Je savais que si je lui annonçais que je partais, ce serait la goutte de trop.

Elle me regarderait avec cette déception muette qui me transperce plus que n'importe quelle balle. Et je la laisserais derrière moi, encore une fois, sans réponse, sans rien pour la rassurer.

Mais je n'avais pas le choix.
Avec mon père, ce n'était pas une demande.  C'était un ordre.Et quand on reçoit un ordre de mon paternel, on obéit. Ou on en paie le prix.

Alors oui, il fallait que je lui dise.
Je ne pouvais pas disparaître demain matin sans un mot.

Mais j'ignorais comment aborder le sujet.

Comment lui expliquer que je partais, alors qu'elle n'a même plus la force de me regarder sans douleur dans les yeux ?

Demain matin, je monterai dans cet avion.
Et aujourd'hui... je devrais lui briser un peu plus le cœur.

J'ouvris la baie vitrée avec précaution, laissant le vent tiède de l'après-midi caresser ma peau.
Le jogging gris que j'avais enfilé à notre retour pendait mollement sur mes hanches, et mon torse nu brillait sous la lumière dorée du soleil.

Je m'approchais à pas lents, hypnotisé.
Je ne dis rien tout de suite. Je voulais la regarder encore un peu. Graver cette image dans ma mémoire. Ma femme. Ma Rossi. Mon ancrage.

Une fois à son niveau, je m'accroupis derrière elle, jetant un coup d'œil discret à ce qu'elle lisait. Mes yeux glissèrent sur la page ouverte :

« Il me plaqua contre le mur et m'embrassa jusqu'à ce que je ne touche plus le sol. »

Un sourire en coin étira mes lèvres.

Je me penchai, mes lèvres frôlant presque son oreille, et lui murmurais :

— Tu veux qu'on reproduise la même scène, tesoro ?

Elle sursauta violemment et referma son livre dans un claquement sec, visiblement prise au dépourvu.

Elle se releva, furieuse :

— Préviens quand tu arrives, espèce de psychopathe !

Enfin. Elle me parlait...

Je laissai un sourire plus large s'installer sur mon visage.

— Je répète ma question : veux-tu que je te fasse la même chose ?

Je fis un pas dans sa direction, mais elle leva une main pour m'arrêter net.

— Arrête, Kaden.

Je me figeai. Son ton était sans appel.

— Je ne te parle plus.

— Tu me parles là, non ?

— Juste pour te dire que je ne veux plus te parler, tonto !

Je ris doucement.

— Tu peux répéter ? J'ai mal entendu.

Elle s'apprêtait à répliquer mais, réalisant que je le faisais exprès, elle roula des yeux et me contourna en marmonnant dans sa barbe.

Elle marchait déjà vers la baie vitrée quand je tendis la main et attrapai son poignet.
Elle s'arrêta net, figée. Mais elle ne dit rien.
Elle restait dos à moi, immobile, tendue.

Bound in AshesWhere stories live. Discover now