Chapitre 15 - Un endroit où appartenir

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Quand le silence pèse sur l'âme et que les cauchemars refusent de s'effacer,
il suffit parfois d'une main tendue, d'un éclat de rire volé, d'un regard partagé,
pour retrouver, même au milieu des ruines, un endroit où l'on ose enfin respirer.
Un endroit où l'on ose appartenir.

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Un souffle chaud contre son épaule tira Sakura d'un sommeil léger, presque irréel.
Elle cligna des paupières, déboussolée, avant de réaliser qu'elle était toujours blottie contre Hibiki, dans la petite salle d'eau du manoir, baignée d'une lumière terne filtrant à travers la porte entrouverte.

Un murmure, posé et légèrement moqueur, vint rompre le silence cotonneux :

« Première fois qu'on s'endort contre moi... surtout aux toilettes. »

La voix tranquille d'Hibiki arracha à Sakura un rire discret, hésitant, mais sincère, qui vibra faiblement dans l'air froid.
Rougissante, elle se redressa maladroitement, passant une main fébrile dans ses cheveux, sentant au passage le chouchou d'Hibiki encore noué autour de ses mèches humides.

« Merci... » souffla-t-elle, la voix tremblante.

Puis, après un bref instant d'hésitation, elle ajouta à voix basse, comme si elle craignait que ses mots ne se brisent :

« Est-ce que... ça peut rester entre nous ? »

Hibiki esquissa un sourire discret, d'une sincérité rare.
Elle hocha simplement la tête, sans moquerie, sans la moindre trace de jugement.

« Promis. » répondit-elle d'un ton calme.

Sans se presser, elle se redressa d'un mouvement souple.
Un instant, sa main glissa dans ses propres cheveux, par habitude mais elle sembla réaliser l'absence de son chouchou au moment même où ses doigts rencontrèrent le vide.

Son regard glissa vers Sakura, sans reproche, juste une pointe d'amusement discret dans l'ombre de ses yeux.

« Tu me le rendras plus tard. »

Un simple soupir s'échappa à ses lèvres, un geste discret de résignation silencieuse, comme si ce simple oubli était insignifiant face à tout ce qu'elles venaient de traverser.

Posant sa main sur l'épaule frêle de Sakura, elle murmura doucement :

« Va te doucher. Ça te fera du bien. »

Puis, sans attendre de réponse, elle tourna les talons et disparut dans le couloir assombri, sa silhouette se fondant peu à peu dans la pénombre.

Sakura resta immobile un moment, seule dans la petite pièce où flottait encore la chaleur discrète de la présence d'Hibiki.
Elle baissa les yeux sur ses propres mains, serrées nerveusement sur ses genoux, et inspira lentement.

Un sourire infime, presque invisible, naquit sur ses lèvres tremblantes.

Peut-être...
Peut-être qu'elle n'était pas aussi seule qu'elle l'avait cru.

Elle décida de suivre le conseil d'Hibiki et se dirigea vers les douches.

Sakura inspira profondément, laissant la vapeur chaude envelopper son corps tremblant.

L'eau ruisselait sur sa peau, effaçant peu à peu la moiteur froide de ses cauchemars, lavant dans son sillage l'angoisse étouffante qui l'avait si longtemps enserrée.

Elle resta ainsi de longues minutes, immobile, à écouter le martèlement régulier de l'eau contre le carrelage, comme un battement de cœur apaisant, régulier, implacable.

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